Comment Kaito propose de redéfinir l'économie de l'attention

Dans l’économie de l’attention, la valeur converge vers ceux qui savent capter et orienter l’intérêt du public. Un principe ancien, mais qui prend une dimension cruciale sur les marchés des cryptomonnaies, où l’attention conditionne la liquidité et dicte les tendances. Même les projets aux fondamentaux solides peinent à émerger sans visibilité suffisante. Face à cette réalité, les fondateurs concentrent leurs efforts sur deux leviers essentiels : la liquidité et l’attention.
Or, les stratégies traditionnelles de captation d’attention dans l’écosystème crypto montrent leurs limites. Le recours aux Leaders d’Opinion (KOL), via des agences intermédiaires, alimente un marché opaque où des budgets marketing conséquents se traduisent par des métriques d’engagement artificielles. Ces campagnes favorisent le volume au détriment de la qualité, entraînant un rendement décroissant et un retour sur investissement incertain. Résultat : les analyses de fond et l’engagement communautaire authentique restent marginalisés.
Ce dysfonctionnement met en lumière une faille majeure : l’absence de mécanismes efficaces pour évaluer et redistribuer l’information. Si les marchés crypto excellent dans la formation des prix des tokens, ils échouent à structurer un véritable marché de l’attention. C’est pour répondre à ce manque qu’émerge l’InfoFi, un nouveau paradigme qui considère l’information comme un actif négociable à part entière.
InfoFi : quand l’information devient un actif
L’InfoFi — ou Finance de l’Information — vise à résoudre un problème clé des marchés crypto : l’évaluation et la distribution efficace de l’information. À l’image de la DeFi pour les instruments financiers et de la GameFi pour les actifs de jeu, l’InfoFi traite l’information comme une classe d’actifs négociables. Vitalik Buterin, cofondateur d’Ethereum, l’a définie comme « info finance », une discipline cherchant à structurer des marchés optimisés pour extraire des informations précises des participants.
Les premières expérimentations d’InfoFi ont pris différentes formes. Arkham Intelligence a lancé une place de marché on-chain, monétisant l’identification des portefeuilles et le suivi des entités via un système d’enchères en tokens ARKM. Polymarket, de son côté, utilise des marchés prédictifs pour évaluer les probabilités d’événements réels. Ces plateformes ont démontré la faisabilité de la monétisation de l’information, mais leur approche reste fragmentaire.
Kaito pousse l’idée plus loin en proposant un modèle où les forces du marché déterminent la véracité et la circulation de l’information. Cette vision repose sur trois phases :
• Phase 1 : l’information dispersée
Aujourd’hui, l’information de valeur circule de manière désorganisée à travers les réseaux sociaux, les groupes de discussion et les bases de données. Le signal est noyé dans le bruit, rendant son évaluation complexe.
• Phase 2 : l’IA comme filtre
Kaito mise sur des algorithmes d’intelligence artificielle pour structurer et hiérarchiser l’information en fonction de sa pertinence. Une solution prometteuse, mais encore imparfaite, en raison des biais et du temps nécessaire à l’émergence de signaux fiables.
• Phase 3 : une distribution pilotée par le marché
À terme, les flux d’information suivront des logiques d’incitations économiques, récompensant les sources d’insights de qualité plutôt que les intermédiaires traditionnels. Cette approche repose sur des outils innovants comme le système Yaps de Kaito (voir plus bas), qui rend l’attention et l’influence monétisables.
Kaito : une IA pour structurer l’information crypto
Kaito est une plateforme d’analyse de données crypto qui centralise l’accès à une information fragmentée dans l’écosystème Web3. Fondée par Yu Hu, ex-trader chez Deutsche Bank et Citadel, elle a levé 10,8 millions de dollars en 2023 auprès d’investisseurs tels que Dragonfly Capital, Sequoia Capital et Spartan Group.
L’objectif de Kaito : structurer les flux d’information, d’attention et de capital dans l’univers crypto grâce à l’intelligence artificielle. La plateforme propose plusieurs outils pour répondre à la surcharge d’information et à la dispersion des signaux de marché :
Un abonnement premium est nécessaire pour accéder à l’ensemble des fonctionnalités, avec un coût de 1 099 dollars par mois, réduit à 833 dollars pour un engagement annuel et 750 dollars pour deux ans.
Le premier produit de Kaito est relativement traditionnel, mais c’est du côté de son projet de tokenisation de l’information qu’il faut regarder. Il doit répondre à ces problèmes :
- Une fragmentation excessive de l’information
Les signaux de marché, les mises à jour des projets et les tendances communautaires sont dispersés sur une multitude de plateformes, rendant l’analyse exhaustive difficile. Kaito vise à fluidifier cet accès.
- Un manque d’indicateurs pour mesurer l’engagement communautaire
Les projets crypto reconnaissent l’importance des communautés mais peinent à en évaluer l’impact réel. Faute de métriques précises, l’allocation des ressources et l’optimisation des stratégies restent approximatives.
- Un marketing d’influence inefficace
Le recours aux Leaders d’Opinion (KOL) via des intermédiaires entraîne des coûts élevés et un manque de transparence. Un rapport de Polkadot a révélé des budgets conséquents pour un retour sur investissement limité, soulignant l’absence de mécanismes optimisés pour l’acquisition d’attention.
En réponse à ces défis, Kaito se positionne comme une infrastructure capable d’organiser l’information et de rationaliser la manière dont elle est captée, analysée et redistribuée.
Voilà
Les YAP préfigurent un système de tokenisation de l’attention
Depuis début décembre 2024, Kaito propose à ses utilisateurs une nouvelle interface permettant de gagner des « YAP ». Ce mécanisme se distingue par son fonctionnement basé non sur l'activité on-chain, mais sur l'influence des utilisateurs sur X (ex-Twitter). Pour commencer à accumuler des YAP, il suffit de connecter son compte X et interagir avec d’autres membres de la communauté crypto inscrits sur Kaito.
Chaque YAP représente une unité d'attention tokenisée, et leur accumulation reflète l'influence réelle d'un utilisateur dans l'écosystème crypto.
Le système repose sur trois piliers fondamentaux :
Proof of Work : Cette métrique évalue la quantité et la pertinence du contenu crypto. Contrairement aux métriques sociales traditionnelles, elle se concentre exclusivement sur les discussions crypto, écartant le contenu non pertinent tel que les publications lifestyle ou les citations motivationnelles.
Proof of Exchange : Cette mesure évalue l'engagement à travers une analyse d'impact pondérée par la réputation. Elle s'appuie sur les « Smart Followers » — des comptes particulièrement influents sur Twitter. Ce système crée un filtre naturel où l'engagement des membres établis de la communauté a plus de poids que celui des participants occasionnels.
Proof of Insight : Cette dimension évalue le contenu selon sa pertinence, sa valeur informationnelle et son originalité. Elle distingue le contenu générant de l'engagement par des déclencheurs émotionnels des contributions véritablement substantielles au discours crypto.
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L'implémentation du système YAP révèle plusieurs choix de conception essentiels. D'abord, l'algorithme de scoring reste privé pour prévenir les manipulations. Cette opacité, bien que controversée, protège contre l'exploitation systématique. Les tentatives de farming durant la période de Noël ont prouvé cette nécessité — les utilisateurs cherchant à manipuler le système ont non seulement échoué à gagner des YAP mais ont aussi compromis leur réputation.
L'accumulation de YAPs encourage délibérément certains comportements. L'engagement avec le "Inner Circle" et les discussions sur les protocoles populaires génèrent davantage de YAP. Le "Inner Circle" désigne les individus influents de la plateforme — non pas ceux ayant le plus de followers, mais ceux ayant bâti une réputation sociale solide.
Fait notable, le système fonctionne sans exiger de discussion sur Kaito même, privilégiant plutôt les contributions constructives au discours crypto général.
Un airdrop a été réalisé mi-février auprès des premiers utilisateurs de Kaito avec le token KAITO émis sur la blockchain Base (un L2 Ethereum).
>> Lire aussi - Analyse fondamentale de Base
Le token KAITO
Kaito vient de franchir une nouvelle étape avec le lancement de son token natif, $KAITO, conçu pour incarner sa vision de l’InfoFi. Ce jeton joue un rôle clé dans l’écosystème de la plateforme.
Détenir du KAITO ouvre plusieurs perspectives aux utilisateurs :
• Un levier d’influence : En stakant et en votant pour les projets (voir plus bas), les détenteurs participent à la répartition de l’attention sur la plateforme, orientant ainsi la mise en avant de projets et de contenus.
• Une monnaie d’échange : KAITO sert de moyen de paiement pour diverses interactions au sein du réseau et pourrait à terme être utilisé pour de nouveaux services.
• Un outil de gouvernance : Les détenteurs ont leur mot à dire sur l’évolution du protocole, notamment à travers les votes sur les ajustements algorithmiques majeurs.
Voici sa distribution initiale :
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Contrairement aux idées reçues, le nombre de Yaps n’est pas le seul critère déterminant l’attribution des tokens. Kaito s’appuie sur un système d’intelligence artificielle qui évalue plusieurs facteurs :
• L’alignement des valeurs avec l’écosystème Kaito.
• La fidélité à long terme, analysée sur un historique pouvant aller jusqu’à trois ans.
• La participation aux plateformes Pro et Yaps.
• L’engagement dans les votes sur le Yapper Launchpad.
• La localisation géographique, pour garantir une répartition équilibrée.
• L’activité on-chain, incluant la détention des NFT Genesis.
Quels mécanismes soutiennent la valorisation du token ?
La dynamique économique du token KAITO repose sur plusieurs leviers conçus pour favoriser sa valorisation et son adoption à long terme.
Un effet de rareté via le staking
Pour encourager la rétention des tokens, 5 % de l’offre totale est dédiée aux incitations à la liquidité. Ce mécanisme incite les détenteurs à staker leurs KAITO, les retirant ainsi de la circulation active et réduisant la pression vendeuse. Actuellement, le taux de rendement annuel (APR) pour le staking atteint 34,98 %. Une fois déposés, les tokens ne peuvent être retirés qu’après un délai de 7 jours, ce qui limite les fluctuations immédiates du marché.
Une utilité au cœur de l’écosystème InfoFi
Au-delà du staking, la demande de KAITO est directement liée à son utilité au sein de l’écosystème InfoFi. Le token agit comme principal moyen d’échange sur la plateforme, servant notamment au paiement des analyses premium, à l’accès à des fonctionnalités avancées et à la facilitation des interactions entre les utilisateurs. À mesure que Kaito gagne en adoption, la demande pour KAITO devrait croître en parallèle.
Une gouvernance à venir pour renforcer la rétention
À terme, les détenteurs de KAITO auront également un rôle dans la gouvernance de l’écosystème, avec un droit de vote sur les décisions clés du protocole. Si ce mécanisme n’est pas encore actif, son introduction devrait renforcer l’incitation à conserver les tokens sur le long terme.
À ce jour, on peut toutefois noter l'absence de mécanisme de burn ou de rachat du token par le protocole. Sans de tels mécanismes, l'équilibre économique à moyen terme reste incertain. Pour l'instant, l'appréciation du token repose principalement sur l'aspect innovant du projet.
Yapper Launchpad : Une plateforme communautaire pour la mise en avant des projets crypto
Le Yapper Launchpad incarne la vision de Kaito en matière de distribution d’informations pilotée par le marché, appliquée aux lancements de projets avant leur lancement de leurs tokens (pre-TGE).
Contrairement aux processus traditionnels, ce système décentralisé met en place un mécanisme de vote transparent, où l’influence de la communauté détermine directement la visibilité des projets. En d’autres termes, il s’agit d’un vote hebdomadaire au cours duquel les projets crypto rivalisent pour capter l’attention des utilisateurs.
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Le Yapper Launchpad repose sur deux systèmes de vote distincts :
• Les Yapper Votes, attribués selon deux critères : chaque Yap détenu génère 100 votes et des votes supplémentaires sont accordés en fonction du nombre de Smart Followers (comptes reconnus comme influents par l’algorithme propriétaire de Kaito). Par exemple, un utilisateur possédant 100 Yaps et 100 Smart Followers dispose de 10 100 votes (10 000 issus des Yaps et 100 des Smart Followers).
• Les Holder Votes, attribués aux détenteurs de NFT Genesis. Leur pouvoir de vote est calculé dynamiquement afin de maintenir un équilibre 50-50 entre les votes des Yappers et ceux des holders de NFT. Un plafond de 0,5 % des votes totaux par NFT est fixé pour éviter une concentration excessive du pouvoir.
Un processus de vote structuré
Les votes s’inscrivent dans un cycle continu, avec des scrutins se clôturant chaque lundi, mercredi et vendredi à 12h00 UTC. Le projet ayant obtenu le plus de votes à la fin d’un cycle accède à une mise en avant sur le Leaderboard une semaine plus tard.
Pendant cette période de verrouillage de sept jours, les votes ne peuvent être ni retirés ni réaffectés. Si un projet remporte l’élection, les votes lui étant attribués sont automatiquement restitués aux utilisateurs. Dans le cas contraire, ils deviennent disponibles pour un nouvel usage après l’expiration du délai.
Un écosystème basé sur l’engagement et la transparence
Les projets en lice doivent séduire les votants en misant sur la transparence, l’engagement communautaire et des incitations incertaines mais prometteuses. Bien que certains offrent des récompenses directes, l’objectif est avant tout de favoriser une approche fondée sur la recherche : les électeurs sont encouragés à explorer des projets émergents avant de se prononcer.
Du côté des utilisateurs, plusieurs leviers permettent d’influencer le vote :
• L’impact social, via le statut de Smart Follower.
• L’accumulation de Yaps, qui augmente le pouvoir de vote.
• La détention de NFT Genesis et d’actifs on-chain, y compris le nouveau token KAITO.
Avec un verrouillage des votes sur sept jours, les participants doivent élaborer une stratégie d’allocation et gérer efficacement leur pouvoir de vote.
L’interface du Yapper Launchpad fournit des données détaillées sur les projets, comme la croissance des Smart Followers, l’engagement et l’activité des équipes sur X, permettant aux votants de prendre des décisions éclairées. Elle affiche également l’état des votes (disponibles, verrouillés, et récupérables), simplifiant leur gestion au fil du temps.
En équilibrant influence sociale et détention de tokens, ce modèle maintient une compétition continue tout en offrant plusieurs opportunités de mise en avant aux projets. Toutefois, son efficacité repose sur le niveau de participation des votants et la qualité des projets sélectionnés.
Challenges et critiques
Si Kaito propose une approche novatrice pour structurer l’économie de l’attention dans la crypto, plusieurs défis structurels et opérationnels pourraient freiner sa viabilité à long terme et limiter son impact.
Opacité algorithmique et risque de biais
Le système de notation des Yaps repose sur un algorithme dont les paramètres ne sont pas publics, un choix destiné à empêcher les tentatives de manipulation. Toutefois, cette opacité empêche les utilisateurs et les projets de comprendre les leviers réels de l’accumulation de Yaps, rendant difficile une interaction stratégique avec la plateforme.
Ce manque de transparence soulève également des inquiétudes quant aux biais algorithmiques. Sans accès aux critères de classement, certains types de contenus ou certaines communautés pourraient être involontairement favorisés ou marginalisés, menaçant ainsi l’objectif d’une distribution équitable de l’information.
Biais de l’“Inner Circle” et effet de bulle
Le poids accordé aux Smart Followers et aux réputations établies crée un biais en faveur d’un cercle restreint d’utilisateurs influents. Ces derniers pourraient capter une part disproportionnée des Yaps et orienter l’attention vers des projets qu’ils soutiennent, au détriment d’autres initiatives.
Cet effet de bulle informationnelle risque d’étouffer l’innovation et d’exclure des contributions précieuses provenant de nouvelles communautés ou d’acteurs émergents. Bien que cette influence soit théoriquement méritée, elle conduit à une centralisation du pouvoir au sein d’un écosystème censé favoriser la décentralisation.
Une dépendance excessive à X (ex-Twitter) et aux données centralisées
L’écosystème Kaito repose très largement sur X pour le suivi des interactions et la collecte de données. Cette dépendance rend la plateforme vulnérable aux évolutions des politiques d’X, aux restrictions d’API ou à un éventuel déclin de la popularité du réseau social.
Ce lien avec une infrastructure centralisée introduit un point de défaillance majeur et ouvre la porte à une censure potentielle, en contradiction avec les principes de décentralisation que Kaito cherche à promouvoir.
Une marchandisation des droits de vote
Le Yapper Launchpad, censé être un outil de curation communautaire, favorise involontairement la monétisation des droits de vote. Des structures comme YapTrade DAO émergent déjà pour permettre l’achat et la vente de votes, créant ainsi un marché secondaire.
Ce phénomène remet en question la légitimité du vote communautaire, car les projets disposant de ressources financières importantes ou de groupes organisés pourraient manipuler les résultats à leur avantage.
Un manque de mécanismes de burn ou de buy-back pour le token KAITO
Un point notable dans la tokenomics de KAITO est l’absence (pour le moment) de mécanismes de burn ou de rachat par le protocole. De nombreux projets intègrent ces stratégies pour réduire l’offre en circulation et ainsi créer une pression haussière sur le prix du token. Or, dans le cas de KAITO, aucune destruction d’offre n’est prévue, ce qui soulève des questions sur la manière dont le protocole compte maintenir un équilibre économique à moyen et long terme.
Une viabilité à long terme encore incertaine
Si Kaito AI propose un modèle prometteur, son efficacité sur le long terme reste à prouver. Le succès du système Yaps dépend de sa capacité à maintenir un équilibre fragile entre l’incitation à l’engagement, la prévention des manipulations et l’équité du processus.
De nombreuses initiatives similaires ont échoué à trouver cet équilibre, et il reste à voir si Kaito pourra relever ce défi.
Conclusion
Kaito s’attaque à un problème bien réel dans l’écosystème crypto : la difficulté pour les projets émergents de capter l’attention des bonnes personnes. En proposant une plateforme où la popularité peut être testée directement auprès des figures les plus expérimentées du secteur, Kaito offre un moyen inédit de mesurer l’impact et la traction d’une initiative. Cet aspect est d’autant plus pertinent que l’engagement sur les réseaux sociaux est souvent biaisé par des métriques superficielles et des campagnes marketing opaques. Ici, l’évaluation repose sur un signal plus organique, porté par ceux qui façonnent réellement les tendances du marché.
Au-delà de cet apport fonctionnel, Kaito joue également sur un levier psychologique puissant avec son système de gamification. Le classement des influenceurs les plus pertinents, matérialisé par l’accumulation de YAP, donne une dimension compétitive qui le rend addictif. L’idée que l’attention puisse être monétisée et structurée comme une ressource rare s’inscrit dans une tendance plus large de la crypto, où chaque activité devient potentiellement un actif à exploiter. Cette approche donne naissance à un nouveau terrain de jeu pour les insiders, qui peuvent voir leur influence validée et mesurée en temps réel.
Néanmoins, l’enthousiasme autour de cette innovation ne doit pas occulter certaines limites, notamment en ce qui concerne les risques de manipulation. Le système de vote du Yapper Launchpad, censé être un mécanisme communautaire de sélection des projets les plus prometteurs, présente une vulnérabilité évidente : les acteurs disposant d’une forte concentration de YAP pourraient être incités à monnayer leur influence. Rien n’empêche aujourd’hui un projet de rémunérer en coulisse les détenteurs de YAP les plus influents pour qu’ils orientent le vote en leur faveur, faussant ainsi le principe de sélection démocratique. Si une telle pratique se généralise, Kaito pourrait rapidement basculer vers un modèle où l’accès à l’attention devient non plus un enjeu de qualité ou de mérite, mais simplement une question de financement.
Au-delà de ces préoccupations liées à la gouvernance du vote, l’économie du token KAITO soulève elle aussi des interrogations. L’absence de mécanismes de burn ou de rachat du token interroge sur sa soutenabilité à long terme, alors que la pression vendeuse pourrait s’accumuler avec le temps. Pour que l’écosystème Kaito puisse tenir ses promesses, il devra démontrer que la dynamique du token repose sur une véritable utilité et non uniquement sur des incitations spéculatives.
Kaito est un pari audacieux, à la fois sur la structuration de l’attention et sur l’InfoFi en tant que nouveau paradigme. Son succès dépendra de sa capacité à garantir l’équité des mécanismes qu’il met en place. S’il parvient à contenir les dérives potentielles et à ajuster son modèle économique, il pourrait bien redéfinir la manière dont les projets se démarquent dans l’univers crypto. À l’inverse, s’il ne parvient pas à réguler les jeux d’influence qui se dessinent en arrière-plan, il risque de reproduire les mêmes travers que les systèmes qu’il cherche à dépasser.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.


