DEX Vaults : quelles opportunités pour cette stratégie d’investissement méconnue ?

Alors que les DEX gagnent du terrain face aux CEX, leurs vaults de liquidité offrent des opportunités d’investissement inédites. Avec des rendements compétitifs et une volatilité ajustée, ces stratégies séduisent de plus en plus d’investisseurs en quête d’alternatives.
Les DEX poursuivent leur ascension face aux CEX
Les échanges décentralisés (DEX) continuent de grignoter du terrain face aux plateformes centralisées (CEX). En janvier 2024, ils représentaient 8,12 % du volume total des échanges au comptant. Un an plus tard, en février 2025, cette part a plus que doublé, atteignant 18,5 %.
Cette montée en puissance se traduit concrètement par un basculement progressif des flux de capitaux : désormais, sur chaque milliard de dollars échangé sur des CEX, environ 202 millions de dollars transitent par des DEX.
L’essor des DEX s’est particulièrement accéléré en début d’année 2025, confirmant une tendance de fond. Bien que les plateformes centralisées conservent une nette domination en volume absolu, la dynamique est en faveur de la finance décentralisée. Cette progression s’explique par une confiance en recul envers les CEX—notamment après plusieurs scandales et régulations renforcées—ainsi que par des améliorations notables de l’expérience utilisateur sur les DEX.
Si cette tendance se poursuit, le paysage du trading crypto pourrait connaître un rééquilibrage majeur dans les années à venir.
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DEX Perps : la finance décentralisée à l’assaut des contrats perpétuels
Les DEX Perps, ou plateformes décentralisées de trading de contrats perpétuels, bousculent l’écosystème des échanges cryptos. À la différence des DEX classiques, ces protocoles permettent de spéculer sur l’évolution d’un actif avec effet de levier, sans avoir à le posséder. Une approche inspirée des contrats perpétuels proposés sur les plateformes centralisées (CEX), mais dans une version sans intermédiaire et sous le contrôle des utilisateurs.
Dans cette nouvelle vague de plateformes, Hyperliquid s’impose comme l’acteur dominant. Avec plus de 50 % du volume total des DEX Perps, il distance largement ses concurrents comme dYdX, GMX ou Jupiter.
Sa montée en puissance est fulgurante : en quelques mois, Hyperliquid a vu sa part de marché sur les contrats perpétuels grimper à 11 %, atteignant des niveaux records. Un succès qui illustre un tournant majeur : pour la première fois, une plateforme décentralisée rivalise directement avec un mastodonte comme Binance.
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Comment fonctionne un DEX Perps ?
Le principe des contrats perpétuels est simple : ils permettent de miser sur la hausse (long) ou la baisse (short) d’un actif sans en être propriétaire. L’utilisation d’un effet de levier peut amplifier les gains… mais aussi les pertes.
Les DEX Perps se distinguent des plateformes centralisées en garantissant une gestion autonome des fonds. Contrairement aux CEX comme Binance, Coinbase ou OKX, ici, les utilisateurs ne confient pas leur capital à une entité tierce.
L’un des défis majeurs de ces plateformes reste la liquidité, traditionnellement assurée sur les CEX par de grands acteurs. Pour y remédier, les DEX Perps ont développé un système de vaults, qui permet aux utilisateurs de déposer leurs fonds en échange d’un rendement.
Les vaults jouent un rôle clé dans l’écosystème des DEX Perps. Concrètement, un utilisateur dépose des fonds dans un vault, qui les met ensuite à disposition du protocole pour faciliter les échanges et prêter des actifs aux traders. En échange, il perçoit une rémunération alimentée par les frais de transaction et une part des funding fees.
Ce modèle profite directement de la volatilité du marché : plus les fluctuations sont importantes, plus les revenus générés par la plateforme augmentent, notamment lors des périodes de krach.
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La plupart des plateformes affichent un rendement estimé sur leurs vaults, mais ces chiffres restent indicatifs. Ils sont basés sur les performances passées et ne garantissent en rien des profits futurs.
L’essor des DEX Perps marque une nouvelle étape dans la désintermédiation de la finance. Alors que des plateformes comme Hyperliquid, dYdX ou GMX s’imposent progressivement, la question n’est plus de savoir si ces alternatives décentralisées ont un avenir, mais dans quelle mesure elles parviendront à grignoter du terrain face aux géants centralisés.
Les vaults de liquidité : mécanismes et performances
L’essor des produits dérivés sur la blockchain s’accompagne de l’émergence de nouveaux outils de liquidité, parmi lesquels les vaults jouent un rôle clé. Ces coffres-forts numériques permettent d’optimiser la gestion des fonds tout en soutenant le marché des contrats perpétuels. Tour d’horizon de quelques solutions phares.
HLP : le coffre-fort d’Hyperliquid qui attire les capitaux
Ces derniers mois, Hyperliquid s’est imposé comme l’une des plateformes les plus dynamiques du marché des perpétuels, en grande partie grâce à son vault HLP (Hyperliquidity Provider). Ce dernier fonctionne comme un pool de liquidités, alimenté par les dépôts en USDC des utilisateurs. En contrepartie, les fournisseurs de liquidités perçoivent une part des frais de trading générés par le protocole.
Contrairement à d’autres solutions, Hyperliquid ne prélève aucune commission sur les bénéfices : l’intégralité des revenus est reversée aux utilisateurs. Les fonds déposés restent cependant immobilisés pendant quatre jours minimum avant de pouvoir être retirés.
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Depuis son lancement, le vault a redistribué près de 59,4 millions de dollars à ses investisseurs. Une dynamique toutefois secouée par un incident survenu le 12 mars, lorsqu’une whale a exécuté une stratégie ciblant les mécanismes du HLP, entraînant une perte équivalente à trois semaines de gains. L’équipe a rapidement réagi en ajustant le protocole pour éviter toute répétition du scénario.
Reste que le market making comporte des risques intrinsèques. Fournir de la liquidité signifie potentiellement encaisser des pertes sur certaines positions. Une réalité qui s’applique également aux autres vaults du secteur.
JLP : un pool multi-actifs sur Jupiter Perps
Le JLP Pool, lancé par Jupiter Perps, repose sur un modèle similaire : il sert de contrepartie aux traders en leur prêtant des actifs pour leurs positions à effet de levier. En échange, 75 % des frais de trading générés sont redistribués aux fournisseurs de liquidités.
À la différence du HLP, le JLP ne repose pas uniquement sur l’USDC, mais sur un panier d’actifs diversifié, incluant SOL (47 %), ETH (10 %), WBTC (11 %), USDC (28 %) et USDT (4 %). Une allocation qui influence directement son évolution : si le HLP se montre relativement stable, le JLP est plus exposé aux fluctuations du marché crypto.
Depuis son lancement, le prix du JLP a progressé de 1,47 $ à 3,85 $, avec un sommet à 4,94 $. Mais la récente correction des marchés a pesé sur sa valorisation, notamment en raison de la baisse du SOL, BTC et ETH.
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Malgré cette volatilité accrue, le retour sur investissement (ROI) du JLP reste impressionnant : depuis novembre 2023, il affiche une performance de +152 %, avec un pic à +230 % en janvier 2025.
MegaVault de dYdX : un nouvel acteur dans l’écosystème des vaults
dYdX continue d’innover avec le MegaVault, une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de déposer des USDC et de générer un rendement en fournissant des liquidités à la plateforme. À l’image de produits similaires, les fonds déposés sont répartis dans plusieurs “mini-vaults”, chacun spécialisé sur un marché précis. Les rendements sont ensuite agrégés et redistribués aux déposants.
Les sources de rendement du MegaVault sont diversifiées : elles incluent les profits et pertes (PnL) des positions des coffres-forts, les paiements des taux de financement, une part des frais de négociation, ainsi que d’autres incitations propres au protocole. Une flexibilité appréciable pour les investisseurs : les USDC déposés restent accessibles sans période de blocage, permettant un retrait à tout moment.
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Lancé en novembre 2024, le MegaVault de dYdX affiche encore peu d’historique de performance. Toutefois, sur ses premiers mois d’existence, il a généré un rendement d’environ +7,43 % à fin février. Il faudra davantage de recul pour juger sa compétitivité par rapport aux autres solutions du marché.
GMX et son rôle pionnier dans les vaults de liquidité
Avant même Hyperliquid, GMX a été le premier protocole à introduire ce type de produit. Dès septembre 2021, il lançait le GLP, un vault emblématique de la finance décentralisée.
Le GLP de GMX fonctionne comme un token indiciel, représentant un panier d’actifs détenus par le protocole. Il est actuellement composé de neuf cryptomonnaies, dont ETH, BTC, LINK, UNI, ainsi que plusieurs stablecoins comme USDC, USDC.e, USDT, DAI et FRAX. Ce mécanisme permet aux traders de bénéficier d’une liquidité constante, tandis que les détenteurs de GLP perçoivent 70 % des frais de trading générés sur GMX V1, redistribués sous forme de ETH.
Contrairement à d’autres vaults qui reposent sur une appréciation de prix, le GLP privilégie une redistribution directe des frais de trading, sans composition d’intérêts. Depuis son lancement, les détenteurs de GLP sur la V1 ont récupéré 185 millions de dollars de frais de négociation.
Avec le lancement de GMX V2, une nouvelle approche a vu le jour : la GLV Pool. Introduite en septembre 2024, elle optimise automatiquement l’allocation des liquidités entre les différents marchés du protocole pour maximiser le rendement tout en maintenant une exposition diversifiée. Cette nouvelle génération de vaults redistribue les frais de négociation tout en ajustant dynamiquement les positions pour une meilleure efficience.
Toutefois, le GLV étant un produit récent, son historique de performance reste limité. Sur ses trois premiers mois, ses résultats sont restés mitigés, en partie à cause d’un marché baissier sur les altcoins. L’évolution du produit et son adaptation aux conditions du marché seront déterminantes pour juger sa viabilité à long terme.
Drift Protocol
Drift Protocol propose un fonds d’assurance permettant aux utilisateurs de déposer des USDC et de percevoir des récompenses horaires issues des frais générés par l’activité de trading sur la plateforme. Accessible à tous, ce mécanisme permet de partager une partie des revenus du protocole.
Toutefois, un délai de 13 jours est imposé avant de pouvoir retirer ses fonds après une demande de sortie, une contrainte qui vise à stabiliser les flux de liquidité.
Lancé avec la version 2 de Drift à la mi-2022, le USDC Insurance Fund est l’un des plus anciens vaults de ce type. Il affiche aujourd’hui une valeur totale verrouillée (TVL) de 26 millions de dollars, un montant en progression constante, bien que loin des 500 millions de dollars d’Hyperliquid.
Tous les vaults ne fonctionnent cependant pas de la même manière. Si leur objectif principal reste l’apport de liquidité, les modalités de rémunération varient selon les projets, tout comme le niveau de risque et de volatilité associé.
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Conclusion
Longtemps réservées aux hedge funds, les stratégies de trading sur les DEX perps s’ouvrent désormais à un public plus large, offrant une nouvelle approche pour fournir de la liquidité sur les marchés.
Mais ces opportunités ne sont pas sans risques : chaque vault présente une exposition différente aux fluctuations du marché. En période haussière, des produits comme le JLP, plus corrélés aux prix des actifs, peuvent se révéler plus attractifs. À l’inverse, en bear market, le HLP semble offrir une meilleure protection tout en générant du rendement.
D’autres stratégies, avec des profils de risque variés, émergent également. À mesure que l’innovation dans la DeFi progresse, de nouvelles solutions permettent aux investisseurs d’optimiser l’usage de leurs stablecoins, illustrant ainsi l’évolution continue du secteur.
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Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.


