Fluid (FLUID) : le protocole qui fusionne DEX et lending au même endroit

Fluid bouscule les codes de la DeFi en fusionnant prêt et DEX au sein d’une même couche de liquidité. En quelques mois, ce protocole ambitieux a dépassé les 40 milliards de dollars de volume, rivalisant déjà avec les géants du secteur.
L’histoire de la DeFi est jalonnée par l’émergence de protocoles emblématiques, ces pionniers qui ont défini des catégories entières : Uniswap pour les échanges décentralisés, Aave pour le prêt. Il est donc rare – presque audacieux – de voir un nouveau venu prétendre rivaliser avec ces géants, et plus encore de tenter de les défier sur leurs deux terrains en même temps.
C’est pourtant le pari de Fluid. Et les premiers résultats donnent matière à réflexion : le DEX de Fluid a généré plus d’un milliard de dollars de volume trois semaines après son lancement en novembre 2024, avant de franchir la barre des 10 milliards de dollars sur Ethereum en moins de trois mois d’existence – un cap que Uniswap avait mis près de deux ans à atteindre.
Au bout de six mois, il dépasse désormais les 40 milliards de dollars.
Tandis que la plupart des protocoles de prêt concentrent leurs efforts sur des innovations en matière de gestion du risque, Fluid prend un chemin différent en se focalisant sur les optimisations qui bénéficient directement aux emprunteurs, notamment via des mécanismes inédits comme le “smart collateral” et la “smart debt”.
Comprendre le protocole Fluid
Pour mesurer le véritable potentiel de Fluid, encore faut-il comprendre précisément ce que le protocole propose et quels problèmes il cherche à résoudre.
À quoi sert Fluid ?
Fluid fusionne le prêt, l’effet de levier et l’échange décentralisé (DEX) au sein d’une seule et même couche de liquidité. Là où ces fonctions sont traditionnellement cloisonnées dans la DeFi, Fluid construit un écosystème dans lequel vos actifs peuvent remplir plusieurs rôles à la fois.
L’objectif : optimiser l’utilisation du capital tout en réduisant les coûts et la complexité des opérations qui, jusqu’ici, nécessitaient de multiples étapes.
Prenons un exemple : dans l’univers classique de la DeFi, vous placez de l’ETH en collatéral sur Aave, puis vous fournissez de la liquidité sur Uniswap via une autre transaction. Avec Fluid, ce même ETH peut simultanément servir de collatéral et de liquidité pour le trading.
Résultat : une gestion plus fluide de votre capital, des manipulations simplifiées… et des frais de gas en nette baisse.
Le besoin auquel Fluid répond
Si Fluid a vu le jour, c’est avant tout pour répondre aux angles morts d’une DeFi encore trop compartimentée. Aujourd’hui, emprunter puis échanger un actif nécessite souvent d’interagir avec plusieurs plateformes indépendantes, chacune ayant ses propres contraintes techniques, coûts et logiques de gestion du risque. Cette déconnexion entre les briques de base limite la fluidité des opérations et alourdit l’expérience utilisateur.
Les mécanismes de liquidation en sont un exemple frappant : conçus pour protéger les protocoles, ils pénalisent sévèrement les utilisateurs, avec des frais élevés et des ventes souvent totales, peu adaptées à des marchés volatils. Par ailleurs, la plupart des collatéraux mobilisés dans ces systèmes restent passifs, incapables de générer du rendement pendant qu’ils sécurisent un emprunt.
Fluid tente de réconcilier ces fonctions en créant une couche commune, pensée pour être à la fois productive, flexible et optimisée. Là où d’autres cherchent à peaufiner les modèles en place, le protocole recompose entièrement l’architecture de base. L’enjeu n’est pas seulement de gagner en ergonomie, mais de poser les fondations d’un nouveau standard en matière d’efficience dans la DeFi.
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La proposition de valeur unique de Fluid
Des pools intégrés
L’une des principales innovations de Fluid réside dans son architecture unifiée : au lieu de maintenir des pools séparés pour le prêt et le trading, le protocole fusionne les deux dans une couche de liquidité commune. Ce modèle permet à vos actifs de remplir plusieurs fonctions en parallèle et réduit la fragmentation structurelle de la DeFi traditionnelle.
Par exemple, un pool de liquidité entre WBTC et cbBTC peut à la fois servir de collatéral pour un emprunt et générer des revenus via les frais de trading. Ce double usage optimise la rentabilité du capital engagé et simplifie considérablement l’expérience utilisateur.
Le “smart collateral”
Là où la plupart des plateformes de prêt traditionnelles laissent le collatéral dormir, Fluid transforme cet actif en outil productif. Le protocole permet à certains types de collatéraux — notamment les jetons de liquidité (LP tokens) issus de son propre DEX — de continuer à générer des frais de trading tout en servant de garantie pour un prêt.
Si vous déposez par exemple une position ETH-wstETH en collatéral, celle-ci continue de percevoir des frais liés aux échanges réalisés sur le DEX. Résultat : un capital qui ne reste plus inerte mais qui produit activement du rendement pendant qu’il sécurise un emprunt.
La “smart debt”
Traditionnellement, emprunter signifie assumer un coût : votre dette reste inactive, ne fait que grossir avec les intérêts, et sort du circuit économique. Fluid rebat les cartes avec son concept de “smart debt”, qui inverse cette logique.
Dans la plupart des protocoles, l’actif emprunté quitte immédiatement le pool de liquidité et reste passif. Chez Fluid, l’actif emprunté reste au sein du système, intégré à un pool partagé qui alimente les échanges sur le DEX. Les transactions sont orientées à travers cette “liquidité de dette”, et les frais générés contribuent au remboursement de votre prêt.
Autrement dit, même si vous êtes responsable de votre dette, celle-ci travaille pour vous et réduit son propre coût. Ce qui était une simple charge devient ainsi un actif productif.
Une efficacité maximale
Fluid pousse l’optimisation à un niveau rarement atteint dans la DeFi. Le protocole s’appuie sur des algorithmes avancés pour améliorer l’efficience du capital, réduire les coûts de gas et affiner les paramètres de risque. Cette sophistication technique se traduit par des avantages concrets pour les utilisateurs.
Les ratios prêt/valeur (LTV) sont nettement plus élevés que sur la plupart des plateformes : jusqu’à 90 % pour les paires volatiles et 95 % pour les paires stables, ce qui permet d’emprunter davantage à valeur équivalente.
Les pénalités de liquidation sont aussi bien plus douces : entre 0,1 % et 1 %, loin des 5 à 10 % habituellement constatés ailleurs. Fluid permet également d’amplifier l’impact de son capital : un dollar de valeur totale verrouillée (TVL) peut générer jusqu’à 39 dollars de liquidité, maximisant ainsi la portée de chaque unité de capital.
Enfin, en cas de liquidation, le protocole ne vend que ce qui est nécessaire et non l’ensemble de votre position. Il est aussi capable de traiter plusieurs liquidations en une seule opération, ce qui réduit considérablement les frais de transaction.
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Les applications concrètes de Fluid
Plusieurs cas d’usage illustrent comment l’approche originale de Fluid se traduit dans la pratique.
Emprunter avec un risque de liquidation réduit
Fluid adopte une stratégie de liquidation bien différente des standards du secteur. Plutôt que de liquider l’intégralité d’une position en difficulté, le protocole se contente de vendre juste ce qu’il faut pour rétablir un niveau de risque acceptable.
Si, par exemple, votre ratio dette/collatéral grimpe à 96 %, Fluid interviendra peut-être uniquement pour ramener ce ratio à 95 %, en ne liquidant qu’une petite portion de vos actifs.
Conséquence : des pénalités largement réduites. Sur une dette de 3 800 dollars, vous pourriez ainsi ne payer que 38 dollars, là où d’autres plateformes vous auraient ponctionné plusieurs centaines.
Exploiter à plein le smart collateral et la smart debt
Imaginez un scénario où vous déployez une stratégie de “looping” à partir d’une position combinée en smart collateral et smart debt, basée sur la paire wstETH-ETH. Grâce au ratio prêt/valeur de 95 % proposé par Fluid sur ce type de position, vous pouvez l’utiliser à plein régime.
Cela vous permet de boucler votre position jusqu’à 20 fois : autrement dit, vous détenez 20 fois le collatéral wstETH-ETH, soutenu par une dette équivalente à 19 fois la même paire.
En partant d’un seul actif de base, vous obtenez ainsi une exposition équivalente à 39 fois la valeur initiale. Et donc, potentiellement, 39 fois plus de frais de trading captés.
Réduction des coûts d’emprunt
L’un des effets les plus intéressants du mécanisme de “smart debt”, c’est la baisse des coûts d’emprunt. En réintégrant la dette dans la couche de liquidité du DEX, Fluid permet à cette dette de générer elle-même des revenus via les frais de transaction.
Ces revenus sont directement alloués au remboursement du prêt. Dans les situations où le volume de trading est particulièrement élevé, vous pourriez même être rémunéré pour avoir emprunté — une dynamique inverse du modèle classique.
Liquidations intégrées aux échanges
Chez Fluid, les liquidations ne nécessitent plus de bots spécialisés ni d’opérations distinctes. Elles peuvent s’effectuer au fil des transactions réalisées par les utilisateurs sur le DEX.
Comme le prêt et l’échange reposent sur une même couche de liquidité, chaque swap de tokens peut potentiellement contribuer à une liquidation en cours ou permettre à un trader de récupérer du collatéral à prix réduit.
Cette architecture unifiée fluidifie considérablement le marché et rend les liquidations plus discrètes, plus efficaces, et mieux intégrées à l’activité globale du protocole.
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Équipe et financement
Leadership et vision
Fluid est né entre les mains des fondateurs d’Instadapp, un protocole DeFi de premier plan lancé dès 2018. À l’origine de ces deux projets : deux frères indiens, Sowmay Jain et Samyak Jain, qui ont quitté leurs études pour se consacrer à temps plein à la blockchain.
Sowmay occupe aujourd’hui le poste de CEO de Fluid, tandis que Samyak pilote l’architecture technique du protocole. Personnalité reconnue dans l’écosystème, Sowmay Jain a aussi cofondé MoatFund, un projet de gestion de fonds décentralisé, et figure dans les classements Forbes 30 Under 30 pour l’Inde et l’Asie. De son côté, Samyak s’appuie sur une solide formation en informatique pour concevoir l’infrastructure de smart contracts sur laquelle repose l’ensemble de leur écosystème.
L’équipe s’est étoffée avec des profils clés comme Thrilok Kumar, Chief Product Officer, qui a contribué à bâtir la plateforme dès ses débuts. Autre pilier du projet : Igor, connu sous le pseudonyme DeFi_Made_Here sur X (anciennement Twitter), qui a rapidement identifié le potentiel de Fluid avant de rejoindre l’équipe, d’abord en charge du développement business, puis comme COO. Il joue aujourd’hui un rôle central dans l’adoption du protocole, en animant l’écosystème et en multipliant les partenariats.
Interrogé sur la vision de Fluid, Samyak Jain explique : « Fluid est le fruit de plusieurs années de travail sur les protocoles de prêt. C’est une synthèse de notre expérience, enrichie par des apports inspirés de grands protocoles comme Uniswap v3, Aave, Compound, MakerDAO ou Curve. Nous avons conçu une couche fondamentale pour la DeFi, qui combine efficacité, sécurité et simplicité d’usage, et sur laquelle de nouveaux protocoles peuvent venir se greffer. »
Genèse du projet et croissance
L’histoire commence en 2018 à l’occasion du hackathon ETHIndia, où les frères Jain développent une première version d’Instadapp… et remportent le concours. Ce qui n’était qu’un projet amateur devient rapidement un véritable business. Instadapp évolue en middleware, facilitant l’usage des protocoles DeFi existants, et atteint un pic de plus de 2 milliards de dollars en TVL.
Mais confrontés aux limites structurelles du modèle DeFi, les deux frères entament dès 2021 une refonte plus profonde. Pendant près de deux ans, ils conçoivent Fluid dans l’ombre. Lors de son lancement public en 2023, le DEX du protocole dépasse le milliard de dollars de volume échangé en trois semaines, avant de s’imposer comme le troisième plus grand DEX sur Ethereum.
Financement
L’essor de Fluid s’appuie sur un socle financier solide. En 2019, l’équipe d’Instadapp lève un premier tour de financement de 2,4 millions de dollars. Parmi les investisseurs : des figures emblématiques comme Naval Ravikant, Balaji Srinivasan, Loi Luu (cofondateur de Kyber Network), Meow (fondateur de Jupiter Exchange), mais aussi de grands noms institutionnels comme Pantera Capital et Coinbase Ventures.
Ce soutien précoce témoigne de la confiance accordée à l’équipe. En juin 2021, un second tour de table de 10 millions de dollars vient renforcer les moyens de la structure. Cette levée inclut Standard Crypto, mais aussi plusieurs partenaires stratégiques comme Andre Cronje (fondateur de Yearn et Sonic), DeFi Alliance ou encore LongHash Ventures.
Un réseau solide, qui constitue aujourd’hui un atout clé pour accompagner Fluid dans son développement à long terme.
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Soutien communautaire
Fluid bénéficie d’une présence active en ligne. Sur X, le protocole rassemble 29 100 abonnés et y partage régulièrement des annonces, des mises à jour techniques ou des perspectives sur le développement. La communauté se retrouve également sur Discord, où plus de 7 500 membres échangent quotidiennement avec l’équipe et entre eux. Ce canal joue aussi un rôle central pour le support utilisateur.
Le protocole est par ailleurs open source : l’ensemble du code est accessible sur GitHub, permettant à tout développeur intéressé d’auditer ou de contribuer au projet. À ce jour, six contributeurs principaux interviennent activement sur le dépôt. Les mises à jour y sont régulières, et le repository a déjà reçu 40 étoiles et 18 forks.
Un score modeste mais qui reflète une dynamique ouverte et participative, en phase avec l’esprit de la DeFi.
Participation à la gouvernance
Fluid DEX intègre des mécanismes de gouvernance décentralisée, qui permettent à ses utilisateurs de s’impliquer dans les choix stratégiques du protocole.
Les échanges se tiennent principalement sur le forum de gouvernance d’Instadapp, où plusieurs fils de discussion sont consacrés à Fluid. Ces threads abordent des sujets variés, allant du déploiement multichaînes aux paramètres spécifiques des pools.
Parmi les discussions récentes : une proposition de lancement sur Polygon a suscité 315 vues, 12 “likes” et 3 commentaires. Résultat, moins d’une semaine plus tard, Fluid était effectivement déployé sur Polygon. D’autres propositions, comme celles sur Arbitrum ou la configuration des pools wstETH<>ETH, ont reçu moins de réactions, mais témoignent d’un socle d’utilisateurs engagés.
Cette gouvernance est aujourd’hui fonctionnelle, mais pourrait bénéficier d’une mobilisation plus large. À mesure que la communauté grandit, les enjeux techniques et sécuritaires du protocole prennent une importance croissante, et la participation active de ses membres pourrait devenir un levier essentiel pour son avenir.
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Technologie et sécurité
Fluid repose sur la blockchain Ethereum, dont il exploite la puissance des smart contracts pour orchestrer l’ensemble de ses opérations. Ce choix technologique assure au protocole une base robuste, appuyée sur l’un des écosystèmes les plus sécurisés et les plus denses de la DeFi.
Si le projet a vu le jour sur Ethereum, il a depuis étendu son empreinte à plusieurs autres réseaux. Fluid fonctionne aujourd’hui également sur Arbitrum, Base et, plus récemment, Polygon, illustrant une stratégie multichaîne clairement assumée.
Au cœur de l’architecture du protocole se trouve la « Liquidity Layer » – une couche de liquidité unifiée qui sert de plaque tournante à l’ensemble des interactions : dépôts, retraits, emprunts, remboursements. Cette couche gère également les plafonds d’exposition, les taux d’utilisation et assure la coordination des différents protocoles qui gravitent dans l’écosystème Fluid.
L’une de ses innovations majeures : les « Automated Limits », un mécanisme de sécurité clé qui ajuste dynamiquement les plafonds de dette et de collatéral en fonction de paramètres prédéfinis. Objectif : bloquer les transactions anormalement importantes qui pourraient signaler un comportement malveillant ou mettre en péril la stabilité du protocole. En consolidant la liquidité jusque-là fragmentée entre différents modules, cette infrastructure centrale permet une gestion plus efficace et plus sécurisée des actifs engagés.
Côté sécurité, Fluid n’a pas lésiné sur les bonnes pratiques. Le protocole a été audité à plusieurs reprises par des entreprises spécialisées comme Statemind, MixBytes et Cantina. Les rapports d’audit sont publics et disponibles dans la documentation officielle, offrant un niveau de transparence bienvenu sur la solidité de l’infrastructure.
À ce jour, Fluid peut se targuer d’un parcours sans faute : aucune faille de sécurité signalée publiquement depuis son lancement. Cette absence d’incidents concerne aussi bien l’histoire d’Instadapp que celle de Fluid, témoignant d’un haut niveau de rigueur dans le développement, le déploiement et le maintien des infrastructures.
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Tokenomics
Le jeton natif du protocole Fluid, le $FLUID, est au cœur de la gouvernance de l’écosystème. En décembre 2024, il a officiellement remplacé l’ancien jeton $INST émis en 2021 dans le cadre d’un rebranding stratégique. Cette transition s’est faite en douceur : les détenteurs n’ont eu aucune action à entreprendre, les $INST ayant été convertis en $FLUID dans un ratio 1:1.
L’adresse Ethereum du jeton est restée inchangée, de même que son offre totale, fixée à 100 millions d’unités.
Distribution initiale
La répartition de ces 100 millions de tokens a été pensée pour soutenir les différentes parties prenantes du protocole et ses ambitions de développement. Elle se structure ainsi :
- 55 % alloués aux membres de la communauté Instadapp
- 23,79 % attribués à l’équipe actuelle, avec une période de vesting de quatre ans
- 12,07 % réservés aux investisseurs, également soumis à un vesting de quatre ans
- 7,85 % destinés aux futurs membres de l’équipe et à des partenariats stratégiques
- 1,27 % alloués aux conseillers, eux aussi sur un vesting de quatre ans
Contrairement aux systèmes de déblocage par paliers (cliff-based), le vesting s’effectue ici de manière continue, via un smart contract. Ce choix garantit une distribution progressive et permet d’aligner durablement les intérêts de l’équipe, des investisseurs et des conseillers avec ceux du protocole.
À partir de juin 2025, les tokens des investisseurs et de l’équipe seront tous débloqués.
Trésorerie et allocations stratégiques
Début 2025, la trésorerie de gouvernance de Fluid détient environ 43 % de l’offre totale. Cette réserve importante est le fruit d’une gestion prudente menée pendant quatre années, notamment au cœur de plusieurs cycles baissiers.
Une partie de cette trésorerie — soit 12 % de l’offre totale — a été débloquée dans le cadre d’un plan unique de soutien à la croissance du protocole :
- 2 % alloués aux listings sur les plateformes d’échange
- 2 % dédiés au market making
- 5 % pour des initiatives de levée de fonds
- 3 % pour soutenir la croissance de l’équipe et financer de nouvelles initiatives
En parallèle, 5 % de l’offre ont été réservés pour établir une liquidité durable du $FLUID sur les DEX. À ce stade, 2,5 % ont été effectivement utilisés, le solde restant disponible et pouvant être restitué à la DAO si non utilisé.
Selon les données de Token Terminal, le protocole Fluid compte actuellement environ 7 500 détenteurs de jetons. Sans surprise, c’est la trésorerie qui détient la plus grande part, avec 43 % du total en circulation, conformément à la structure définie par la tokenomics.
Utilité du token et création de valeur
Le protocole Fluid prévoit plusieurs mécanismes pour renforcer l’utilité du jeton $FLUID et soutenir sa valorisation dans le temps.
Rachats algorithmiques
Une fois que le protocole atteindra un revenu annualisé de 10 millions de dollars, un programme de rachat dynamique sera mis en œuvre. Inspiré du modèle x * y = k, ce mécanisme ajustera le volume de rachats en fonction de la valorisation totalement diluée (FDV) du jeton. Concrètement, jusqu’à 100 % des revenus générés par le protocole pourront être consacrés à ces rachats, selon une logique inversement proportionnelle au prix du token : plus le cours est bas, plus la part des revenus dédiée aux rachats sera élevée. Un système conçu pour amortir la volatilité tout en soutenant mécaniquement le prix du jeton.
Incentives à la croissance
Pour accompagner son objectif ambitieux de 10 milliards de dollars de TVL d’ici fin 2025, Fluid met en place un programme d’incitation mensuel. Jusqu’à 0,25 % de l’offre totale de tokens pourra être alloué à ceux qui participent aux activités de prêt stable (Stable Lending). Un autre 0,25 % sera consacré aux utilisateurs qui apportent de la liquidité ou tradent sur le DEX. Autrement dit, si vous déposez des actifs dans des “vaults” de lending stable, ou si vous fournissez de la liquidité au DEX de Fluid, vous serez éligible à ces récompenses.
Que deviennent les tokens rachetés ?
Le sort des tokens rachetés via le programme algorithmique n’est pas figé : il sera décidé collectivement via la gouvernance. Plusieurs scénarios sont sur la table : brûler les jetons, les redistribuer aux détenteurs ou encore les utiliser comme incitation pour renforcer l’engagement communautaire. Cette flexibilité laisse aux membres de la DAO la responsabilité d’orienter la stratégie de capture de valeur.
Marché actuel du token
Au moment de la rédaction, le prix du $FLUID avoisine les 4 dollars, pour une capitalisation boursière de 160 millions de dollars. La valorisation totalement diluée (FDV), c’est-à-dire si l’ensemble des 100 millions de tokens étaient en circulation, s’élève à 400 millions de dollars.
Le token est disponible sur plusieurs plateformes centralisées, comme LCX, Bybit, MEXC ou CoinW, ainsi que sur des DEX comme Uniswap.
Modèle économique
Fluid génère aujourd’hui ses revenus principalement via une commission prélevée sur les activités de prêt. Le protocole applique une taxe de 10 % sur les intérêts payés par les emprunteurs. Cette part constitue, à ce stade, la source principale de revenus. Ces derniers sont versés dans la trésorerie.
À cela s’ajoute un nouveau levier de monétisation : Fluid prévoit de prélever également 10 % sur les frais de trading réalisés sur son DEX, un mécanisme qui n’est pas encore activé mais dont le lancement est annoncé comme imminent. Enfin, le protocole compte également taxer à terme les applications tierces construites sur son infrastructure — renforçant ainsi la logique de plateforme.
Concernant le token $FLUID, un mécanisme de valorisation à long terme est prévu sous la forme de rachats dynamiques (buyback).
Une fois la barre des 10 millions de dollars de revenus annualisés atteinte (elle a été dépassée mi-avril 2025), Fluid prévoit un programme algorithmique de rachats. Plus le prix du token est bas, plus une part importante des revenus sera allouée aux rachats.
Jusqu’à 100 % des profits générés pourraient ainsi être utilisés à cet effet, selon la valorisation du jeton. Ces tokens rachetés pourraient ensuite être brûlés, redistribués ou utilisés comme incitation — la décision reviendra à la gouvernance.
Pour l’instant, il n’existe pas de mécanisme de staking permettant de capter une partie directe des revenus. Le rendement dépend donc essentiellement de l’évolution du prix du token et des perspectives de mise en œuvre des rachats.
Trésorerie et santé financière
La trésorerie du protocole est composée en très grande majorité du token natif $FLUID. Selon les dernières données disponibles, le trésor de gouvernance détient environ 100 millions de dollars.
Cette réserve n’a été entamée qu’à une seule reprise significative : une allocation unique de 12 % de l’offre a été votée pour financer la croissance (listings, market making, levées de fonds, développement de l’équipe).
Pour évaluer la valorisation fondamentale du protocole, on peut calculer un P/B (Price to Book) qui permet d'évaluer si un projet est surévalué ou sous-évalué par rapport à ses actifs. Avec une capitalisation boursière de 160 millions de dollars et une trésorerie estimée à 100 millions de dollars, le P/B ressort à 1,6.
Un P/B de 1,6 traduit une valorisation prudente mais confiante, en ligne avec ce que l’on attend d’un protocole innovant, encore en phase d’adoption, avec un modèle économique qui commence à se concrétiser, mais dont la rentabilité n’est pas encore pleinement installée (on considère qu’un projet est sous-évalué lorsqu’il est inférieur à 1).
Côté revenus, Fluid a généré 62 millions de dollars de frais en annualisé, pour 2,7 millions de revenus nets selon DeFiLlama.
Si l’on rapporte cette dernière donnée à sa capitalisation actuelle, on obtient un P/E (Price to Earnings) de 59 — un ratio élevé, mais typique d’un protocole en début de cycle de monétisation, encore centré sur la croissance plutôt que la rentabilité. Attention, il faut que les revenus continuent de progresser.
Partenariats et écosystème
Le développement du protocole Fluid s’accompagne d’un réseau croissant de collaborations stratégiques au sein de la DeFi. Ces partenariats renforcent à la fois sa liquidité, sa visibilité et la portée de ses cas d’usage.
Fluid a notamment noué des alliances avec des poids lourds comme Lido Protocol, référence en matière de staking liquide, et RedStone Oracles, fournisseur innovant de données on-chain. Le protocole s’est également intégré avec Spark et ResolvLabs, deux projets qui ont permis d’introduire des fonctions de prêt à taux fixe – une rareté dans la DeFi.
Preuve de son attractivité, la DAO d’Aave a même envisagé l’acquisition de 1 % de l’offre de tokens $FLUID, via une proposition formelle, illustrant l’attention que suscite le modèle de Fluid auprès de ses pairs les plus établis.
Le protocole s’intègre aussi à des plateformes comme DeFiSaver et Superlend, et son déploiement sur des réseaux comme Arbitrum, Polygon ou Base témoigne d’une stratégie multichaîne bien avancée. Ces intégrations techniques renforcent la modularité de l’écosystème et l’interopérabilité du protocole avec les autres couches de la DeFi.
Enfin, Fluid collabore avec des acteurs clés comme Pendle, qui facilite la tokenisation du rendement, et Wintermute, l’un des plus grands teneurs de marché du secteur. Ces synergies montrent qu’autant les projets historiques que les jeunes pousses du secteur reconnaissent la pertinence de l’approche de Fluid, fondée sur une gestion intégrée de la liquidité et de l’emprunt.
Performances de Fluid et position face à la concurrence
Fluid a beau être un nouvel entrant, ses performances actuelles et sa progression sur les deux fronts — prêt et DEX — le placent déjà parmi les acteurs qui comptent.
Début mai 2025, le protocole affiche un TVL (valeur totale verrouillée) proche de 870 millions de dollars, signe d’une adoption rapide.
Positionnement dans le marché DEX
La percée de Fluid sur le marché des échanges décentralisés est remarquable. Début mai 2025, le protocole captait 3,6 % du volume quotidien de trading sur Ethereum, se hissant à la 4ème place derrière Uniswap (58 %), PancakeSwap (18 %) et Aerodrome (6 %), selon @hagaetc sur Dune.
Fluid a même brièvement atteint les 20 % de parts en février, s’octroyant temporairement la deuxième place du classement.

Positionnement dans le lending
Sur le segment du prêt, les données de Token Terminal placent Fluid en sixième position des protocoles actifs sur Ethereum (3 % de part de marché), derrière des leaders bien établis comme Aave, Morpho, Spark Protocol ou Compound, selon Token Terminal.
Mais la dynamique est favorable : Fluid et Compound échangent régulièrement leurs places, signe que la jeune pousse gagne progressivement du terrain. Ce glissement démontre qu’une nouvelle génération de protocoles, plus intégrés et plus flexibles, peut désormais rivaliser avec les anciens standards de la DeFi.

Limites potentielles et risques du protocole Fluid
Comme tout protocole crypto, Fluid n’échappe pas à certaines fragilités qu’il convient de surveiller. Derrière les innovations, plusieurs zones d’ombre subsistent.
L’intégration poussée entre les fonctions de prêt, de levier et de DEX constitue une force… mais aussi un facteur de complexité. En réunissant tout cela sur une même couche, Fluid gagne en efficacité mais crée aussi une forte interdépendance entre les modules. En cas de vulnérabilité dans une seule composante, l’effet domino est à craindre, car les différentes briques du système sont étroitement liées.
Les mécanismes de « smart debt » et de « smart collateral », aussi ambitieux soient-ils, restent inédits dans la DeFi. Le concept de smart debt en particulier, qui consiste à rendre productif un passif, n’a encore jamais été testé à grande échelle. Il faudra observer comment ces mécanismes réagissent face à une forte volatilité de marché, à des effondrements de liquidité ou à des comportements extrêmes de certains utilisateurs.
Par ailleurs, l’efficacité de la smart debt repose largement sur l’activité du DEX. Si le volume de trading n’est pas au rendez-vous, les frais générés seront insuffisants pour compenser les coûts d’emprunt. Le modèle économique devient alors plus classique et les promesses de réduction de coût pourraient ne pas se concrétiser.
Les prêteurs ne sont pas non plus sans risques. Le fait que leurs actifs soient intégrés aux pools de liquidité du DEX augmente potentiellement leur rendement, mais les expose aussi à des phénomènes comme la perte impermanente, des problèmes de liquidité sur certaines paires ou des mouvements de marché brutaux qui pourraient altérer la valeur de leurs dépôts.
Enfin, la concurrence reste l’un des défis les plus structurels. Fluid s’attaque à des géants historiques comme Aave et Uniswap, dont les effets de réseau sont immenses. Pour réussir, il ne suffit pas d’avoir la meilleure technologie : il faudra convaincre les utilisateurs, gagner leur confiance sur le long terme et maintenir une dynamique d’innovation constante.
>> DeFi sur Ethereum : État des lieux et perspectives
Roadmap
Fluid se positionne comme une infrastructure de base de la DeFi. Son ambition : devenir une couche de référence pour l’intégration des services de prêt, d’échange et de marchés financiers décentralisés.
À long terme, le protocole veut accueillir une grande diversité d’outils, y compris des produits dérivés, des marchés de crédit, des ponts interchaînes, des actifs du monde réel (RWA), des swaps de taux d’intérêt, des stablecoins ou encore des solutions de change décentralisé (Forex). L’équipe prévoit aussi d’ouvrir l’écosystème à des équipes externes qui pourraient venir bâtir directement sur Fluid.
Pour les douze prochains mois, plusieurs chantiers prioritaires ont été identifiés :
- Le déploiement de nouvelles paires sur le DEX
- Le lancement de nouveaux protocoles construits directement sur Fluid
- L’expansion du DEX vers d’autres solutions de couche 2
- L’amélioration du vault « ETH Lite »
- L’ajout de nouveaux actifs pris en charge
- Et surtout, une mise à jour majeure du DEX avec la version 2 (« DEX v2 »)
L’interface utilisateur fait également l’objet de mises à jour fréquentes, avec pour objectif une expérience plus fluide. Parmi les nouveautés : un agrégateur de swap intégré, reposant sur KyberNetwork, 1inch, Paraswap et d’autres ; une fonction « Refinance » permettant de migrer en un clic des positions depuis d’autres protocoles ; ou encore l’introduction des « Smart Lending Vaults ».
L’avis de The Big Whale
Fluid est l’un des projets les plus ambitieux de la DeFi nouvelle génération. En combinant prêt, effet de levier et échange décentralisé au sein d’une même couche de liquidité, le protocole introduit une architecture radicalement différente, fondée sur les concepts inédits de « smart collateral » et de « smart debt ».
Ces innovations visent à rendre le capital plus productif : les collatéraux continuent à générer des frais de trading, tandis que les actifs empruntés participent eux-mêmes à la liquidité du DEX, réduisant ainsi le coût du crédit. Cette approche a séduit rapidement.
Côté prêt, il talonne déjà des poids lourds comme Compound et Spark. Fort d’une équipe chevronnée et d’un historique sans faille sur le plan de la sécurité, Fluid bénéficie d’une exécution solide. Mais son modèle n’est pas sans risques.
L’interconnexion entre les modules crée une dépendance systémique, et les mécanismes de smart debt reposent fortement sur le volume de trading, ce qui rend leur efficacité variable. Par ailleurs, le protocole évolue dans un environnement ultra-compétitif, face à des acteurs dotés d’effets de réseau puissants comme Aave ou Uniswap.
La tokenomics, bien que prometteuse avec des rachats algorithmiques prévus, reste encore à l’état latent.
L’avenir de Fluid dépendra donc de sa capacité à maintenir sa traction, à exécuter sa feuille de route ambitieuse — notamment le lancement du DEX v2 et l’expansion vers de nouvelles couches 2 —, et à consolider sa communauté.
Si ces défis sont relevés, Fluid pourrait devenir une infrastructure incontournable de la finance décentralisée. Mais à ce stade, l’opportunité d’investissement repose encore davantage sur le potentiel que sur des fondamentaux pleinement établis.
>> Rapport The Big Whale - DeFi & TradFi : la grande convergence
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.


