Ostium : le concurrent d’Hyperliquid qui veut relier la DeFi aux marchés traditionnels

Ostium permet de trader devises, actions et indices directement depuis la blockchain. Le protocole mise sur un modèle de pool de liquidité et d’oracles pour rapprocher la finance traditionnelle et la DeFi.
Ce qu’il faut savoir avant de commencer
Ostium est une plateforme de trading décentralisée construite sur Arbitrum. Elle propose principalement le trading de contrats perpétuels sur des actifs financiers traditionnels : matières premières, devises, actions d’entreprises ou encore indices comme le S&P 500.
Contrairement à la plupart des plateformes décentralisées qui reposent sur un carnet d’ordres, Ostium s’appuie sur une pool de liquidité et des oracles pour assurer une profondeur de marché dès son lancement.
Présentation générale
Ostium se positionne comme un protocole de trading décentralisé offrant un accès à effet de levier aussi bien sur les actifs financiers traditionnels que sur les cryptomonnaies les plus liquides. L’objectif est d’ouvrir l’accès aux marchés globaux tout en exploitant les avantages propres à la blockchain : accessibilité internationale, fonctionnement en continu, interopérabilité avec d’autres applications et transparence sur les fonds.
Le protocole fonctionne sur Arbitrum, un layer 2 d’Ethereum qui permet de produire un bloc toutes les 250 millisecondes. Ce choix vise à offrir une expérience fluide et à limiter les frictions liées à la signature répétée des transactions.
Côté trading, Ostium autorise des effets de levier jusqu’à 100 pour la plupart des actifs, et 200 pour les devises. Cependant, lorsque les marchés traditionnels sont fermés, un mécanisme limite automatiquement le levier à 10. Pour gérer ces périodes, Ostium a mis en place un produit baptisé “0DTE perps” (0 day to expiry perps), un hybride entre le perpétuel et le produit à échéance, permettant de maintenir une position ouverte sans date d’expiration tout en respectant les horaires de fermeture des marchés traditionnels.
Les utilisateurs peuvent aussi fournir de la liquidité via la pool OLP (Ostium Liquidity Provider). Celle-ci applique une stratégie automatisée de tenue de marché, collectant les frais de trading et les liquidations. En contrepartie, elle agit parfois face aux traders lorsque leurs positions ne s’équilibrent pas, ce qui peut générer des pertes si la majorité des traders est gagnante.
Ce modèle, popularisé par GMX, repose sur des oracles pour obtenir les prix des actifs. Plutôt que de recréer un carnet d’ordres et une profondeur de marché ex nihilo, Ostium s’appuie sur Stork et Chainlink pour récupérer les prix là où la liquidité est la plus élevée.
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Ce fonctionnement rapproche Ostium des brokers traditionnels comme eToro ou Plus500, qui agissent comme contrepartie de leurs utilisateurs sans chercher à concurrencer directement les places boursières telles que le Nasdaq.
Ostium introduit un mécanisme expérimental baptisé “stratégies”. Il s’agit d’ordres automatisés déclenchés lorsque certaines probabilités de marché prédictif sur Polymarket atteignent un seuil donné. L’idée est de permettre aux traders de se positionner en amont lorsqu’un événement susceptible d’influencer le prix d’un actif devient probable.
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Financement
Ostium a levé 3,5 millions de dollars en octobre 2023. Le tour de table a réuni Balaji Srinivasan, Susquehanna International Group, General Catalyst et LocalGlobe. Ces fonds ont permis de financer le développement de la plateforme et de lancer ses premières campagnes d’acquisition d’utilisateurs.
Équipe
La direction d’Ostium Labs est assurée par Kaledora Fontana Kiernan-Linn. Diplômée en neurosciences et statistiques à Harvard, elle a travaillé brièvement chez Bridgewater en tant qu’investisseuse avant de se lancer dans la création d’Ostium.
À ses côtés, Marco Antonio Ribeiro occupe le poste de directeur technique. Formé en sciences de l’ingénieur à Harvard, il a également exercé des fonctions d’investissement chez Bridgewater. Leur expérience commune dans un environnement financier institutionnel marque l’approche du projet, qui cherche à rapprocher les standards de la finance traditionnelle de l’univers on-chain.
Soutien communautaire
La communauté d’Ostium compte aujourd’hui un peu plus de 50 000 abonnés sur X et 21 000 membres sur Discord. La visibilité du projet a récemment progressé grâce à une campagne menée avec Kaito visant à renforcer sa présence sur X. L’équipe mise sur cette dynamique pour créer un noyau d’utilisateurs actifs autour de la plateforme.
Fonctionnement
Ostium s’éloigne du modèle de GMX v1, où la pool de liquidité sert directement de contrepartie à tous les traders. Le protocole introduit une structure à deux niveaux : une réserve de liquidité et une pool de market making.
La réserve de liquidité est utilisée en priorité pour régler les échanges. Elle fournit les fonds nécessaires aux trades gagnants et accumule les pertes des trades déficitaires. Elle sert aussi à équilibrer l’open interest lorsque la majorité des positions vont dans la même direction. Ce n’est qu’en cas de déséquilibre ou d’épuisement de cette réserve que la liquidité déposée par les utilisateurs dans la pool de market making (OLP) est sollicitée. Dans ce cas, les fournisseurs de liquidité peuvent subir des pertes si la majorité des traders sont profitables.
Les participants à l’OLP perçoivent 50 % des frais d’ouverture des positions et 100 % des frais de liquidation. Lorsque la réserve de liquidité est sous-collatéralisée, leur part sur les frais d’ouverture augmente, offrant ainsi une incitation supplémentaire à soutenir le protocole.
Modèle économique
Le modèle d’Ostium repose principalement sur les frais payés par les utilisateurs pour ouvrir leurs positions ainsi que sur les frais de roulement appliqués sur les actifs non crypto. Une partie de ces revenus est redistribuée aux fournisseurs de liquidité de l’OLP.
Ce système permet à Ostium de démarrer sans avoir à engager massivement son propre capital pour amorcer la liquidité du protocole. Le défi reste d’attirer une base d’utilisateurs suffisamment active pour générer un volume d’échange régulier, condition essentielle pour assurer la viabilité du modèle.
Le lancement d’une campagne de points début avril a d’ailleurs eu un impact direct sur l’activité de trading, comme en témoigne la progression des volumes hebdomadaires sur la plateforme.

Airdrop et campagne de points
Depuis début avril, Ostium a lancé une campagne qui distribue chaque semaine 500 000 points aux utilisateurs. Ces points sont alloués en fonction du volume de trading et de la liquidité déposée dans la pool OLP. Pour l’instant, aucune information n’a été donnée sur la durée totale de cette campagne.
Les premiers utilisateurs de la plateforme ont également bénéficié d’une distribution rétroactive de 10 millions de points. Même si rien n’a été confirmé, ces points devraient constituer un critère important dans le cadre d’un éventuel airdrop du futur token d’Ostium.
Partenariats et écosystème
Ostium s’appuie sur Arbitrum, un layer 2 d’Ethereum où l’activité DeFi est déjà bien développée. L’OLP n’est pas encore intégré aux principaux protocoles de lending présents sur la chaîne, mais des discussions en ce sens sont prévues. L’objectif serait de faciliter l’utilisation des dépôts OLP comme collatéral et d’accroître leur liquidité dans l’écosystème.
Limites et risques
Le principal défi d’Ostium sera de maintenir une activité soutenue après la fin de sa campagne de points. L’écosystème des perpétuels décentralisés est très concurrentiel, et plusieurs protocoles mènent actuellement des campagnes similaires. Cette dynamique attire souvent du “capital mercenaire” qui migre rapidement d’une plateforme à l’autre en fonction des récompenses offertes.
Le modèle de pool de liquidité comporte également des risques. Si la majorité des traders clôturent leurs positions avec un gain, l’OLP peut subir des pertes. De plus, les retraits de liquidité sont soumis à un délai de plusieurs jours, ce qui peut limiter l’attrait pour certains fournisseurs.
Malgré cela, les données observées jusqu’ici montrent que les dépôts dans l’OLP ont généralement progressé, avec un rendement annualisé fluctuant entre 15 % et 30 %.

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Conformité réglementaire
À ce jour, il n’existe pas de cadre réglementaire spécifique pour les plateformes de trading décentralisées comme Ostium. Cependant, cette situation pourrait évoluer. Si les autorités venaient à considérer ces protocoles comme des brokers, ils pourraient être soumis à des obligations comparables à celles des intermédiaires financiers traditionnels. Cette incertitude reste un facteur de risque pour le développement du projet.
Concurrence
Le marché des DEX spécialisés dans les contrats perpétuels connaît un nouvel essor depuis la montée en puissance d’Hyperliquid, qui concentre aujourd’hui plus de la moitié des volumes du secteur. Mais Hyperliquid se focalise principalement sur les cryptomonnaies et ne propose que très peu d’actifs financiers traditionnels, en dehors de l’or.
Ce positionnement laisse une place à des acteurs comme Ostium, dont la stratégie vise à élargir l’accès à des actifs traditionnels.
D’autres tentatives ont eu lieu dans le passé, notamment avec Gains Network, pionnier du secteur dès 2021. Toutefois, le protocole a progressivement perdu en pertinence à cause de limites techniques et d’une expérience utilisateur inachevée. Ostium, qui reprend une architecture similaire fondée sur un pool de liquidité et des oracles, cherche à corriger ces faiblesses tout en introduisant ses propres produits, tels que les “0DTE Perps”, adaptés au trading à effet de levier sur des marchés qui ne sont pas ouverts en continu.
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Roadmap
Ostium prévoit d’élargir régulièrement son catalogue d’actifs, en particulier sur les marchés financiers traditionnels. Une refonte de la pool de liquidité est en cours de conception. Elle devrait aboutir à deux vaults distincts :
- un premier, passif, dédié au règlement des transactions, avec un rendement prévisible et un risque limité ;
- un second, actif, conçu pour équilibrer les positions de la plateforme, avec un rendement plus élevé mais plus volatil.
À plus long terme, Ostium pourrait aussi permettre aux détenteurs d’actifs financiers tokenisés de fournir directement de la liquidité à la plateforme. Une telle évolution renforcerait la synergie entre les marchés traditionnels et la DeFi, tout en élargissant les sources de liquidité.
L’avis de The Big Whale
Ostium se distingue par son approche proche de celle des brokers traditionnels comme eToro ou Plus500, mais en version on-chain. Les utilisateurs peuvent non seulement trader face à la plateforme, mais aussi choisir de devenir eux-mêmes contrepartie via l’OLP. Le protocole apporte une transparence complète, des dépôts et retraits instantanés, ainsi qu’une intégration native avec l’écosystème Arbitrum.
Le projet doit cependant relever plusieurs défis : maintenir une activité solide après la fin de sa campagne d’airdrop, s’imposer dans un secteur très concurrentiel et prouver la robustesse de son infrastructure sur la durée. L’accent mis sur les actifs financiers traditionnels lui offre néanmoins un positionnement différenciant. À moins d’un an de son lancement, Ostium dispose encore d’une large marge de progression.
Une meilleure intégration avec la DeFi d’Arbitrum, notamment via l’utilisation de l’OLP comme collatéral sur d’autres protocoles, pourrait constituer un relais de croissance majeur. Ostium devra aussi démontrer sa capacité à fidéliser des utilisateurs au-delà de la seule incitation liée aux récompenses en points, condition indispensable pour s’inscrire dans la durée.
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