HyperEVM : un réseau en construction adossé à un géant du trading on-chain

Lancée début 2025, HyperEVM ambitionne de compléter l’offre d’Hyperliquid avec une infrastructure DeFi ouverte. Encore peu mature, la blockchain mise sur son interopérabilité pour attirer projets et utilisateurs.
Ce qu’il faut savoir
Lancée en février 2025, HyperEVM est une blockchain généraliste qui fonctionne de manière indépendante de la plateforme de trading Hyperliquid. Les deux projets n’en restent pas moins liés : l’ambition affichée est de rapprocher progressivement les deux couches pour construire un écosystème cohérent, centré sur la finance décentralisée.
Encore jeune, HyperEVM n’en est qu’à ses débuts. Son infrastructure est fonctionnelle, mais ses usages restent limités et son écosystème en construction. Plusieurs projets explorent cependant la possibilité de s’y implanter, attirés par la dynamique d’Hyperliquid et l’opportunité d’occuper un terrain encore peu concurrentiel. L’idée : faire d’HyperEVM une extension naturelle de la plateforme de trading, avec des produits DeFi qui viendraient compléter les services déjà proposés aux utilisateurs.
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HyperEVM : le prolongement d’Hyperliquid
Hyperliquid s’est imposé comme l’un des protocoles phares du trading on-chain en 2024. Sa promesse : offrir une expérience utilisateur fluide avec des volumes proches de ceux des plateformes centralisées. Le succès est au rendez-vous, mais le projet ne fait pas l’unanimité.
L’équipe dirigeante concentre un pouvoir important, ce qui alimente les critiques sur sa gouvernance. À l’inverse, la communauté, renforcée par un airdrop massif du token HYPE (valorisé plus de 3 milliards de dollars au TGE, plus de 13 milliards aujourd’hui), reste très mobilisée.
Au cœur de l’architecture technique d’Hyperliquid, on trouve HyperCore, une blockchain développée sur mesure pour les besoins du trading décentralisé. Elle privilégie les ordres “maker” dans la file de transactions afin de favoriser les market makers et réduire les spreads. Cette spécialisation rend la blockchain performante pour son usage principal, mais elle limite l’ouverture à des applications externes.
C’est là qu’intervient HyperEVM. Conçue comme une blockchain généraliste, elle permet à n’importe quel développeur de déployer des smart contracts tout en restant étroitement interopérable avec HyperCore. L’objectif est clair : compléter l’offre d’Hyperliquid en ouvrant la voie à d’autres briques DeFi comme les prêts, les AMM ou les produits dérivés complexes, absents de la plateforme principale.
Les deux blockchains partagent un même token de gouvernance, le HYPE. Après un premier airdrop qui a distribué 31 % de l’offre, une large part des tokens (38,9 %) reste disponible pour de futures distributions. Beaucoup d’utilisateurs misent désormais sur une participation active à HyperEVM pour espérer en bénéficier.
Fonctionnement : une architecture conçue pour l’interopérabilité
HyperEVM repose sur la même infrastructure de validation qu’Hyperliquid, avec un groupe fixe de 21 validateurs chargés de produire les blocs. Le token HYPE joue un rôle central : il sert à payer les frais de transaction sur la blockchain.
À l’image d’Ethereum, HyperEVM adopte le mécanisme de l’EIP-1559, qui entraîne la destruction des frais de base. Particularité notable : les frais de priorité sont également brûlés, ce qui signifie que l’intégralité des frais est retirée de la circulation. Cette mécanique vise à exercer une pression déflationniste sur le token.
Comme son nom l’indique, HyperEVM est compatible avec l’Ethereum Virtual Machine, ce qui permet aux développeurs de déployer sans difficulté des applications conçues pour d’autres blockchains EVM. Cette compatibilité élargit considérablement le champ des possibles, en facilitant l’arrivée de projets existants sur un nouvel environnement.
Sur le plan technique, HyperEVM se distingue par une architecture duale. Elle produit chaque minute un bloc “lourd” de 30 millions de gaz, destiné aux transactions complexes comme les déploiements d’applications. En parallèle, elle génère chaque seconde un petit bloc de 2 millions de gaz, pour les transferts quotidiens et les opérations simples.
Comparée à Ethereum, qui produit toutes les 12 secondes un bloc de 45 millions de gaz, la capacité de traitement est relativement équivalente, mais avec une granularité plus fine en matière de confirmation.
Depuis la mi-juillet, deux fonctionnalités majeures sont venues renforcer l’intégration entre HyperEVM et HyperCore : CoreWriter et les read precompiles. Ces outils permettent respectivement aux applications de lire et d’écrire sur la blockchain Hyperliquid. Les développeurs peuvent ainsi concevoir des protocoles DeFi capables d’interagir en temps réel avec le carnet d’ordres d’Hyperliquid.
Concrètement, un protocole de prêt pourra liquider des positions directement sur le marché principal, tandis qu’un protocole d’options pourra couvrir ses expositions via les perpétuels listés sur Hyperliquid. Une manière d’ancrer HyperEVM dans la logique d’un écosystème fluide et connecté.
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Un écosystème encore jeune mais en construction rapide
L’écosystème HyperEVM s’appuie en grande partie sur des forks de protocoles DeFi déjà éprouvés sur d’autres blockchains compatibles EVM. La plupart ont lancé des campagnes de points, laissant présager le lancement prochain de leurs propres tokens. Ce modèle, désormais classique, cohabite avec des projets plus originaux qui cherchent à exploiter les spécificités d’HyperEVM et sa connexion avec Hyperliquid.
Parmi les protocoles déjà bien implantés, Hyperlend est celui qui concentre la plus grande valeur totale verrouillée (TVL). Il s’agit d’un protocole de prêts et d’emprunts fonctionnant sur le modèle de Compound. Il permet de déposer des actifs comme collatéral et de générer du rendement ou d’emprunter d’autres tokens.
Unit, de son côté, agit comme une couche de tokenisation. Il facilite l’importation de tokens issus d’autres blockchains (notamment BTC, ETH, SOL, FARTCOIN et PUMP) dans l’écosystème Hyperliquid. Ces actifs sont ensuite utilisables dans les différents protocoles DeFi déployés sur HyperEVM.
Felix est un projet plus ambitieux, qui cherche à créer une offre stablecoin diversifiée. Il propose deux types de dollars numériques : le fhUSD, un stablecoin sur-collatéralisé reposant sur le modèle des CDP (comme DAI) via un fork du protocole Liquity V2, et le USDhl, un stablecoin enveloppant le M de M0, adossé à des bons du Trésor américains. Le fhUSD est garanti par du HYPE et de l’uBTC, un BTC synthétique émis par Unit. Ces deux approches répondent à des logiques différentes : l’une privilégie une stabilité algorithmique interne, l’autre repose sur un actif du monde réel.
>> Pour en savoir plus sur Liquity V2 et M0, consultez notre rapport dédiés aux stablecoins
Pour les investisseurs à la recherche de rendement, Hyperbeat permet de déposer des tokens dans des stratégies automatisées. Certaines de ces stratégies s’appuient sur la brique de prêts de Morpho, également déployée sur HyperEVM. Plusieurs protocoles, dont Felix et Hyperbeat, l’utilisent comme base technique.
Liminal propose quant à lui des stratégies delta-neutral. On y dépose des USDC que l'on peut allouer sur différents actifs présents dans Hyperliquid. Le protocole utilise 50 % des fonds sur une position spot et les 50 % restants en short sur Hyperliquid. De cette façon, l'utilisateur capte les frais de funding.
Côté échanges, Hyperswap, un fork combinant Uniswap V2 et V3, s’impose comme le principal DEX en termes de TVL. Mais l’écosystème va plus loin avec Valantis, une infrastructure conçue pour créer des AMM personnalisés. L’un de ses produits phares, STEX (Stake Exchange), cherche à améliorer la rentabilité des pools de tokens stakés en intégrant une logique d’unstaking partiel dans la gestion de la liquidité.
Deux projets se disputent le marché du staking liquide sur HYPE. Kinetiq propose le kHYPE, un LST lancé mi-juillet qui a rapidement gagné en part de marché, notamment grâce à son intégration native de la fonction CoreWriter, qui permet de réduire les intermédiaires dans le processus de staking. Face à lui, StakedHype avait pris une longueur d’avance en étant disponible dès le lancement du mainnet avec son stHYPE, aujourd’hui deuxième LST de l’écosystème.
Rysk se positionne sur les produits dérivés avec une offre simplifiée de “covered calls”, permettant aux utilisateurs de générer un rendement supplémentaire sur leurs actifs en vendant des options d’achat, au risque de limiter les gains en cas de forte appréciation du marché.
Si l’ensemble reste encore expérimental, ces premiers projets dessinent les contours d’un écosystème DeFi en cours de structuration, qui pourrait rapidement s’étoffer à mesure que la connexion avec Hyperliquid s’intensifie.

Un deuxième airdrop de HYPE en préparation ?
Près de 39 % de l’offre totale du token HYPE reste réservée à des initiatives communautaires futures. Si aucune annonce officielle n’a été faite, beaucoup s’attendent à un second airdrop, à l’image du premier qui avait largement récompensé les utilisateurs actifs d’Hyperliquid.
Les modalités exactes restent floues. Aucun critère n’a été communiqué, mais la logique du protocole laisse penser que les équipes privilégieront des indicateurs concrets liés à l’activité réelle : volumes d’échange, liquidité déposée dans les protocoles, participation à l’écosystème HyperEVM.
Dans l’attente d’une confirmation, une partie de la communauté multiplie les interactions on-chain, dans l’espoir de figurer parmi les bénéficiaires d’une prochaine distribution. Un comportement désormais classique dans l’écosystème crypto, où les airdrops sont devenus un levier d’acquisition et de fidélisation à part entière.
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L’avis de The Big Whale : une feuille de route encore en construction
HyperEVM n’en est qu’à ses débuts. Bien que le mainnet soit actif depuis février 2025, l’écosystème reste encore partiellement fonctionnel. Les premières briques d’interopérabilité avec Hyperliquid (notamment via les fonctions CoreWriter et read precompiles) ont été intégrées récemment, mais peu d’applications les exploitent pour l’instant. Ce décalage illustre le caractère encore expérimental de la blockchain.
Le débit de transactions, aujourd’hui modeste, devrait être amené à évoluer avec l’essor de nouvelles applications. L’objectif : permettre une activité soutenue, à bas coût, dans un environnement fluide. Dans l’état actuel, HyperEVM s’apparente davantage à une version avancée de testnet qu’à une blockchain pleinement mature. L’évolution se fera par étapes, en fonction des besoins exprimés par les utilisateurs et les développeurs.
À terme, HyperEVM doit compléter l’offre d’Hyperliquid en apportant les primitives financières qui font défaut à la plateforme de trading : protocoles de prêts, gestion d’options, produits structurés. Plutôt que de miser sur des incitations économiques massives, comme le font de nombreuses nouvelles blockchains, HyperEVM adopte une stratégie sobre.
L’attractivité repose principalement sur sa connexion directe à Hyperliquid, qui agit comme un moteur d’adoption à part entière. Une approche qui mise sur l’utilité plutôt que sur les subventions.
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Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.


