Pectra : Tout ce que va changer la prochaine mise à jour d’Ethereum

Ethereum n'a cessé d'évoluer depuis sa création, avec des mises à jour majeures comme The Merge en 2022 (marquant la transition vers le Proof of Stake) et Dencun en 2024 (introduisant les blobs pour les L2). Une nouvelle mise à jour s'annonce : Pectra, prévue pour avril 2025.

Son nom combine Prague (le hard fork de la couche d'exécution) et Electra (le fork de la couche de consensus), qui seront activés simultanément.

Cette évolution représente non seulement une avancée technologique majeure pour Ethereum, mais promet aussi de transformer en profondeur l'expérience utilisateur et la structure de l'écosystème.

Pectra se distingue par l'intégration du plus grand nombre d'EIP jamais inclus dans une mise à jour. Elle marque une étape décisive vers l'abstraction des comptes, une innovation qui rendra les interactions on-chain plus fluides, plus intelligentes et plus accessibles.

Quelles sont les principales améliorations ?

👉 EIP-7702 : Transformer son portefeuille en smart contract

Aujourd’hui, si vous utilisez un portefeuille comme Metamask, vous avez un compte externe classique (EOA). Ce type de compte nécessite que vous signiez chaque transaction séparément et vous devez payer les frais de gas pour chaque action.

Avec EIP-7702, votre adresse peut temporairement se comporter comme un smart contract, ce qui permet des interactions plus sophistiquées sans changer d’adresse.

Exemple 1 : Un paiement en plusieurs fois sans intermédiaire

Imaginez que vous achetez un NFT à 500 USDC mais que vous ne voulez pas tout payer d’un coup. Actuellement, il faut soit un intermédiaire pour gérer ce paiement en plusieurs fois, soit avoir recours à un smart contract externe.

Avec EIP-7702, votre propre adresse peut se comporter comme un smart contract, vous permettant d’automatiser un paiement en trois fois sans aucune infrastructure supplémentaire.

Exemple 2 : Transactions en une seule étape sur Uniswap

Aujourd’hui, échanger un token sur Uniswap demande deux transactions distinctes :

1. Vous devez approuver le smart contract d’Uniswap pour utiliser vos tokens.
2. Vous effectuez ensuite la transaction d’échange.

Avec EIP-7702, ces deux étapes peuvent être combinées en une seule, économisant du temps et des frais de gas.

Exemple 3 : Faire des transactions sans avoir d’ETH

Un problème fréquent sur Ethereum est que vous avez des tokens (ex: USDC) mais pas d’ETH pour payer les frais de gas.

Grâce à l’abstraction de compte apportée par EIP-7702, une application peut directement prendre en charge ces frais, permettant de faire des transactions sans posséder d’ETH.

👉 EIP-7251 : Des validateurs plus gros, un staking plus efficace

Aujourd’hui, un validateur Ethereum ne peut miser que 32 ETH. Si quelqu’un possède 3200 ETH, il doit gérer 100 validateurs. C’est compliqué et cela surcharge inutilement le réseau.

Avec EIP-7251, ce plafond passe à 2048 ETH par validateur, ce qui simplifie considérablement la gestion du staking.

Exemple 1 : Plus besoin d’attendre pour réinvestir les récompenses

Aujourd’hui, si un validateur gagne 10 ETH en récompenses, il ne peut pas les utiliser immédiatement : il doit attendre d’atteindre 32 ETH pour ouvrir un nouveau validateur.

Avec EIP-7251, ces récompenses sont directement réinvesties, générant encore plus de rendements sans aucune intervention.

Exemple 2 : Réduction des coûts et simplification pour les gros stakers

Les acteurs comme Lido, Coinbase, Binance gèrent des milliers de validateurs, ce qui représente une grosse charge technique.

Après la mise à jour, ils pourront consolider leurs positions et réduire le nombre de validateurs nécessaires, rendant le réseau plus efficace et moins gourmand en ressources.

👉 EIP-7691 : Plus de blobs, des rollups plus performants et moins chers

Les rollups (Arbitrum, Optimism, zkSync) utilisent des blobs pour stocker leurs données à moindre coût, au lieu de saturer la blockchain principale d’Ethereum.

Aujourd’hui, le nombre de blobs est limité et déjà utilisé à pleine capacité, ce qui empêche les rollups de fonctionner de manière optimale.

Avec EIP-7691, Ethereum augmente le nombre de blobs disponibles par bloc, ce qui réduit la congestion et stabilise les frais.

Avec la mise à jour Dencun, les blobs ont permis de diviser par 10 les frais des rollups.

En augmentant leur quantité, les transactions resteront abordables même en période de forte activité.

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👉 EIP-7623 : Réorienter les rollups vers les blobs, éviter la congestion du calldata

Ethereum propose deux manières de stocker les données des rollups :

1. Les blobs (moins chers, mais limités).
2. Le calldata (ancien système, plus cher, mais encore utilisé quand les blobs sont saturés).

Problème : Certains rollups utilisent encore le calldata lorsque c’est plus avantageux, ce qui surcharge Ethereum.

Avec EIP-7623, le calldata devient plus cher, obligeant les rollups à utiliser les blobs en priorité.

👉 EIP-7840 : Une gestion plus intelligente et automatisée des blobs

Aujourd’hui, chaque client Ethereum (Geth, Nethermind, etc.) doit ajuster manuellement la gestion des blobs. Cela demande des mises à jour complexes et des interventions humaines à chaque fork.

Avec EIP-7840, ces paramètres sont centralisés sous un système de calendrier qui ajuste automatiquement le nombre de blobs et leurs frais.

Exemple 1 : Plus de cohérence entre tous les clients Ethereum

Actuellement, chaque mise à jour des blobs peut être gérée différemment selon le client Ethereum utilisé.

Avec EIP-7840, tous les clients suivront les mêmes règles, évitant des divergences dans le réseau.

Exemple 2 : Des mises à jour plus fluides et automatisées

Aujourd’hui, des discussions techniques sont nécessaires pour chaque modification.

Grâce à EIP-7840, les ajustements sont faits automatiquement via un calendrier intégré aux fichiers de configuration des clients Ethereum.

👉 Les autres EIP de Pectra

D’autres améliorations viennent compléter cette mise à jour. L’EIP-7002 facilite les retraits pour les validateurs en leur permettant d’accéder directement à leurs fonds sans passer par la couche de consensus. L’EIP-7685 améliore la communication entre la couche d’exécution et la couche de consensus, réduisant la dépendance aux oracles centralisés. L’EIP-2537 optimise certaines opérations cryptographiques, rendant leur exécution plus rapide et moins coûteuse en gas. L’EIP-2935 introduit un contrat système stockant les derniers hachages de blocs pour faciliter l’accès à l’historique. Enfin, l’EIP-6110 et l’EIP-7549 viennent améliorer la gestion et la vérification des validateurs, rendant le consensus plus fluide et sécurisé.

Pourquoi Ethereum fait-il souvent l’objet de mises à jour ?

Ethereum doit être régulièrement mis à jour pour s’adapter aux défis qu’il rencontre et continuer à offrir une expérience optimale à ses utilisateurs. Sans ces évolutions, il risquerait de devenir trop lent, trop cher à utiliser ou moins sécurisé.

L’une des principales raisons des mises à jour est la scalabilité. À mesure que de plus en plus de personnes utilisent Ethereum, le réseau doit être capable de traiter un plus grand nombre de transactions tout en maintenant des frais abordables. Chaque mise à jour accompagne donc cette adoption croissante en intégrant des solutions comme les rollups et les blobs, qui permettent d’optimiser la capacité du réseau et de le rendre plus accessible. Sans ces ajustements, Ethereum deviendrait victime de son succès, avec des coûts prohibitifs et des congestions trop fréquentes.

La sécurité est également un enjeu majeur. Comme Ethereum est une blockchain publique et ouverte, il est en permanence exposé à des attaques potentielles. Les mises à jour permettent d’anticiper ces menaces et d’améliorer la solidité du réseau pour garantir sa résilience face aux nouvelles formes de cyberattaques. Sans ces améliorations régulières, Ethereum risquerait de devenir vulnérable et moins fiable.

L’évolution du réseau vise aussi à faciliter le travail des développeurs. Avec chaque mise à jour, de nouvelles fonctionnalités sont ajoutées pour simplifier la création d’applications décentralisées, ce qui rend Ethereum plus attractif pour l’innovation. Un écosystème dynamique et efficace attire davantage d’entrepreneurs, de startups et d’institutions, renforçant ainsi la place d’Ethereum comme l’infrastructure de référence pour la finance décentralisée et bien au-delà.

Enfin, ces mises à jour préparent l’avenir en permettant à Ethereum de devenir plus rapide, plus efficace et plus durable. Le passage à la preuve d’enjeu a déjà réduit considérablement son empreinte énergétique, et les prochaines évolutions continueront à affiner son fonctionnement pour qu’il puisse évoluer sans sacrifier sa décentralisation.

Bitcoin, en revanche, évolue beaucoup plus lentement. Contrairement à Ethereum, qui doit continuellement s’adapter pour accompagner sa montée en puissance, Bitcoin a un objectif différent : être une monnaie numérique stable et sécurisée. Sa gouvernance est plus conservatrice, et chaque changement est évalué avec une grande prudence pour éviter tout risque qui pourrait compromettre sa robustesse. Son architecture est également plus simple, puisqu’il ne supporte pas de contrats intelligents complexes comme Ethereum. Son rôle principal est d’offrir un moyen d’échange et une réserve de valeur résistante à la censure, et il n’a pas besoin d’évoluer autant pour remplir cette mission.

Quelle incidence cela aura-t-il sur ETH ?

Il est difficile de prédire avec certitude si la mise à jour Pectra aura un impact direct sur le cours d’ETH. L’histoire des précédentes évolutions du réseau, comme The Merge en 2022 et Dencun en 2024, montre que même des avancées majeures n’ont pas suffi à propulser Ethereum vers de nouveaux sommets. Malgré des améliorations fondamentales, ETH n’a toujours pas retrouvé son ATH de 2021, et même l’adoption de l’ETF, qui a pourtant conduit à l’achat massif de plus de 898 843 ETH au 12 février 2025, n’a pas été un catalyseur suffisant pour une reprise haussière significative.

Depuis The Merge, les tendances d’accumulation ont changé. Les détenteurs à long terme montrent un ralentissement dans leur accumulation, et une partie de la communauté semble avoir pris ses distances avec la nouvelle direction du réseau. Cette évolution se reflète dans la dynamique du marché, où Ethereum ne bénéficie plus du même engouement spéculatif qu’à certaines périodes clés de son histoire. De plus, la pression croissante sur la Ethereum Foundation et les débats internes autour de la gouvernance du protocole ajoutent une incertitude supplémentaire.

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Cependant, Pectra ne doit pas être perçue uniquement comme une mise à jour technique. Elle fait partie d’une stratégie plus large visant à améliorer la scalabilité, réduire les frais et rendre le staking plus accessible. À long terme, ces avancées pourraient renforcer l’adoption d’Ethereum et lui donner une position encore plus dominante dans l’écosystème des blockchains. Si elles facilitent l’utilisation du réseau et attirent de nouveaux développeurs et utilisateurs, cela pourrait, progressivement, soutenir le prix d’ETH.

À court terme, le marché réagira avant tout en fonction des attentes et de l’exécution de la mise à jour. Comme toujours, le prix d’ETH dépend de nombreux autres facteurs : le cadre réglementaire, la politique monétaire, les flux entrants et sortants des ETF ETH, ainsi que la confiance globale des investisseurs. Une exécution fluide de Pectra pourrait certes restaurer une partie de cette confiance, mais attendre une flambée immédiate du prix pourrait être illusoire.

L’essentiel est d’adopter une vision d’ensemble. Ethereum continue d’évoluer et chaque mise à jour représente une avancée vers un réseau plus performant. Si Pectra ne suffit pas, à elle seule, à déclencher un mouvement haussier massif, elle s’inscrit dans une feuille de route plus large qui pourrait, sur le long terme, consolider Ethereum comme l’infrastructure incontournable du Web3.

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Les prochaines étapes d’Ethereum

La mise à jour Pectra n’est qu’une étape dans l’évolution d’Ethereum, qui suit une feuille de route en constante amélioration. La prochaine grande mise à jour prévue s’appelle Fusaka, et son objectif principal est d’intégrer PeerDAS, une technologie qui permettra de mieux gérer les données sur Ethereum et d’augmenter progressivement la capacité des blobs.

Aujourd’hui, les blobs sont une ressource essentielle pour les rollups comme Arbitrum et Optimism, car ils leur permettent de stocker leurs données à moindre coût et d’améliorer la scalabilité d’Ethereum. Avec Fusaka, leur quantité pourrait être doublée, voire quadruplée, puis continuer d’augmenter progressivement jusqu’à un facteur de 8 ou plus. À long terme, un mécanisme avancé appelé échantillonnage en 2D pourrait permettre de traiter jusqu’à 128 blobs par slot, augmentant drastiquement la capacité du réseau. Grâce à ces améliorations et à des techniques de compression de données plus efficaces, Ethereum et ses Layer 2 pourraient atteindre jusqu’à 100 000 transactions par seconde (TPS), rendant le réseau bien plus rapide et fluide pour ses utilisateurs.

En parallèle, Fusaka intégrera l’Ethereum Object Format (EOF), une amélioration plus technique mais cruciale. Cette évolution vise à mieux organiser le bytecode de l’Ethereum Virtual Machine (EVM), en séparant clairement le code et les données. Cela permettra une meilleure validation du code, une plus grande sécurité et une exécution plus efficace des contrats intelligents.

La feuille de route d’Ethereum ne suit pas un calendrier fixe et évolue constamment. Plusieurs développements sont menés en parallèle, avançant à des vitesses différentes selon leur priorité. Certaines mises à jour peuvent être accélérées si des avancées technologiques ou des menaces extérieures, comme un développement soudain des ordinateurs quantiques, rendent nécessaires des ajustements urgents pour garantir la sécurité du réseau.

Vitalik Buterin a récemment partagé sa vision des priorités à venir. Selon lui, Ethereum doit avant tout optimiser les blobs avant de se disperser sur d’autres innovations. L’amélioration du réseau peer-to-peer (P2P) est également un point clé, car une meilleure gestion de la transmission des blobs rendra le réseau plus efficace. Il envisage aussi de donner plus de flexibilité aux stakers, leur permettant d’ajuster la capacité des blobs sans nécessiter une mise à jour complète du protocole. Enfin, des approches plus radicales pourraient être explorées pour accélérer encore davantage la scalabilité d’Ethereum, tout en maintenant l’accessibilité du réseau aux petits validateurs.

Les prochaines étapes restent spéculatives, mais certains experts du secteur estiment qu’Ethereum devrait accélérer son développement pour répondre plus rapidement aux défis d’adoption et de concurrence. Malgré ces incertitudes, l’objectif fondamental du réseau reste le même : réduire les coûts de transaction, améliorer la sécurité et rendre Ethereum plus évolutif.

Dans cette logique, les rollups restent au cœur des priorités, car ils représentent la clé de l’évolutivité d’Ethereum à moyen et long terme. L’ensemble des futures mises à jour s’oriente donc vers une optimisation du réseau, une amélioration de l’expérience utilisateur et une montée en puissance des solutions de deuxième couche.

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