Raydium en 2025 : Bilan d’un géant face à la nouvelle donne

Raydium en 2025 : Bilan d’un géant face à la nouvelle donne

Raydium, pilier historique de la DeFi sur Solana, doit aujourd’hui composer avec une concurrence accrue et des usages en pleine mutation.

Ce qu’il faut savoir sur Raydium

Depuis 2021, Raydium occupe une place centrale parmi les protocoles de finance décentralisée sur Solana. Il s’appuie sur une architecture hybride qui combine un automatisme de market making (AMM) classique avec un accès direct aux carnets d’ordres d’Open Book. Ce modèle permet de réduire les frais de transaction et d’optimiser l’exécution des ordres, tout en limitant le slippage pour les utilisateurs.

Au-delà de son rôle de plateforme d’échange, Raydium a développé un ensemble d’outils conçus pour accompagner les projets dès leur lancement. Le protocole facilite notamment la création de tokens, leur distribution initiale et l’ajout de liquidité dès les premières étapes. Au premier trimestre 2025, Raydium représentait à lui seul 47 % du volume total échangé sur les DEX de Solana, soit environ 3,6 milliards de dollars, devant Uniswap sur Ethereum pour le deuxième mois consécutif.

Dans un environnement marqué par la montée en puissance des tokens éphémères et des launchpads viraux comme Pump.fun, Raydium mise sur une stratégie plus encadrée. À sa création, le protocole a émis 555 millions de tokens RAY, avec 34 % alloués aux incitations de liquidité sur trois ans. Une manière d’encourager la rétention plutôt que la spéculation immédiate. Reste à voir si ce modèle parvient encore à retenir l’attention dans un cycle où les modes évoluent aussi vite que les blocs.

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Le besoin auquel il répond

Raydium se distingue parmi les DEX de Solana par une structure combinant un AMM classique et un accès direct aux carnets d’ordres d’Open Book. Cette configuration permet aux utilisateurs de profiter à la fois de la simplicité des swaps et de la précision des ordres limités. Une transaction peut ainsi mobiliser la liquidité d’un pool tout en s’exécutant via un ordre existant sur Open Book, ce qui permet dans certains cas une meilleure exécution, notamment en période de forte volatilité.

Le protocole vise à offrir une infrastructure unifiée couvrant les principaux usages de la DeFi : échange, farming, staking et lancement de tokens. L’ensemble est accessible depuis une seule interface, avec pour ambition de réduire la fragmentation de l’écosystème et d’accompagner les projets tout au long de leur cycle de vie, de la création au listing.

Pour se démarquer d’une tendance marquée par la prolifération de memecoins et de launchpads à exécution instantanée comme Pump.fun, Raydium a lancé en avril 2025 son LaunchLab. Ce module introduit des mécanismes comme le vesting, la mise sous séquestre de la liquidité et un onboarding communautaire encadré. Le but est de structurer l’émergence de nouveaux projets sans pour autant brider l’innovation.

Avec une TVL de 1,8 milliard de dollars en mai 2025, en progression de 58 % depuis mars, Raydium confirme son rôle central dans l’écosystème Solana tout en cherchant à défendre une approche plus encadrée du développement de la DeFi.

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La proposition de valeur de Raydium

Une architecture optimisée pour les LP et les traders

Raydium repose sur une infrastructure hybride qui connecte ses pools de liquidité au carnet d’ordres on-chain d’Open Book. Cette configuration permet aux fournisseurs de liquidité de contribuer à la fois aux swaps automatisés et aux ordres limités. L’ensemble vise à renforcer la profondeur de marché tout en améliorant la qualité d’exécution. Par exemple, un pool SOL/USDC peut être utilisé pour des échanges instantanés et pour alimenter des ordres à cours limité, ce qui limite le slippage dans un contexte de forte activité.

Depuis 2025, Raydium a élargi son offre avec le lancement de Raydium Perps, une plateforme de trading de produits perpétuels construite sur l’infrastructure d’Orderly Network. Ce module s’adresse à des utilisateurs plus expérimentés, tout en conservant une interface simple et des frais réduits. En mai 2025, la plateforme a enregistré plus de 550 millions de dollars de volume cumulé, avec un volume quotidien moyen de 20 millions de dollars.

Une approche ciblée de la liquidité avec le CLMM

Le modèle CLMM (Concentrated Liquidity Market Maker), introduit par Raydium, permet aux LP de concentrer leurs fonds sur des plages de prix définies. Cette méthode améliore l’efficacité du capital, augmente les revenus générés par les frais et réduit le slippage. Elle implique cependant une exposition plus marquée à la perte impermanente en cas d’écart de prix. Inspiré d’Uniswap v3, ce mécanisme profite des vitesses élevées et des faibles coûts de Solana, tout en s’inscrivant dans une logique différente grâce à l’intégration avec le carnet d’ordres.

LaunchLab : structurer le lancement de tokens

Raydium propose un environnement complet, allant du trading au staking en passant par le farming et le lancement de nouveaux projets. Avec LaunchLab, lancé en avril 2025, le protocole introduit un cadre destiné à mieux encadrer les levées de fonds. Les projets peuvent y organiser des IDO, bénéficier d’une première liquidité via les pools AMM, et apparaître sur le carnet d’ordres, renforçant ainsi leur visibilité dès les débuts. Ce modèle tranche avec celui des launchpads instantanés, en cherchant à encadrer le lancement de nouveaux actifs.

Des coûts maîtrisés et une exécution rapide

Raydium s’appuie sur les performances techniques du réseau Solana, avec un temps moyen de bloc autour de 400 millisecondes et des frais d’environ 0,0029 dollar par transaction. Le protocole applique une commission de 0,25 % par swap, répartie entre les fournisseurs de liquidité (0,22 %) et les stakers du token RAY (0,03 %), un niveau légèrement inférieur aux 0,3 % pratiqués par Uniswap v3.

En mai 2025, Raydium a généré environ 12 millions de dollars de revenus issus des frais de transaction sur une période de 30 jours, confirmant l’efficacité de son modèle économique.

Équipe et financement

Une équipe pseudonyme mais active dans l’écosystème

Raydium a vu le jour en 2020, porté par une équipe pseudonyme mais techniquement reconnue dans l’écosystème Solana. Le projet est dirigé par AlphaRay, à l’origine de l’idée d’un AMM capable d’interagir directement avec un carnet d’ordres on-chain, afin de mieux exploiter la liquidité du réseau. Il est épaulé par XRay (responsable technique), GammaRay (produit et communication), StingRay (développeur senior) et RayZor (spécialiste sécurité). Malgré l’usage de pseudonymes, l’équipe s’exprime régulièrement dans des publications spécialisées comme IQ.wiki ou TokenInsight, assurant une certaine continuité dans la communication publique.

Des fonds levés tôt et un rôle actif dans l’écosystème

Avant même son lancement en février 2021, Raydium boucle une levée de fonds de 2 millions de dollars en décembre 2020, via la vente de 27,75 millions de tokens RAY (soit 5 % de l’offre totale). Ce tour de table réunit plusieurs investisseurs de premier plan dans le secteur crypto, parmi lesquels Coinbase Ventures, Borderless Capital, Arche Fund, VentureX et Ceras Ventures, accompagnés par une dizaine d’autres fonds non tous identifiés publiquement.

Raydium ne se contente pas de développer son propre protocole. Entre 2021 et 2022, le projet adopte une stratégie de soutien actif à l’écosystème Solana en investissant dans d’autres initiatives jugées structurantes pour la DeFi. Ces investissements incluent notamment Orderly Network, NEUCHIPS, CyBall et Ancient8. L’objectif est de renforcer les briques d’infrastructure tout en explorant des opportunités de croissance externes. Cette stratégie d’intégration s’est traduite en janvier 2025 par le lancement de Raydium Perps, en partenariat avec Orderly Network.

Les tokenomics de Raydium

Le rôle du token RAY dans l’économie du protocole

Le jeton $RAY constitue le socle économique du protocole Raydium. Il remplit trois fonctions principales : la gouvernance du protocole, la rémunération des fournisseurs de liquidité, et le soutien à l’activité de staking. L’offre totale est plafonnée à 555 millions d’unités. En juin 2025, 288 millions de tokens étaient en circulation, soit un peu plus de la moitié de l’offre.

Une distribution structurée autour des usages

La répartition initiale du token a été pensée pour aligner les intérêts des différents acteurs de l’écosystème. 34 % de l’offre (188,7 millions de RAY) ont été affectés à la réserve de liquidité minée, 30 % (166,5 millions) à des partenariats stratégiques et au développement de l’écosystème, 20 % (111 millions) à l’équipe fondatrice, 8 % (44,4 millions) à la liquidité initiale, 6 % (33,3 millions) à la communauté et aux investisseurs initiaux, et 2 % (11,1 millions) aux conseillers du projet.

Les allocations réservées à l’équipe et aux investisseurs de la première heure ont été soumises à un verrouillage initial de 12 mois, suivi d’un déblocage progressif quotidien sur une période de 24 mois. Ce calendrier de vesting s’est achevé en février 2024. Tous les tokens concernés ont été débloqués, mais l’offre réellement en circulation reste inférieure à l’offre théorique, suggérant une mise en réserve d’une partie des allocations dédiées aux partenariats et à l’écosystème. Cette réserve offre à la DAO une marge de manœuvre pour de futures initiatives.

Un programme de rachats pour accompagner l’évolution du protocole

Raydium alimente également sa trésorerie en procédant à des rachats de tokens sur le marché secondaire. Financé par 12 % des frais de transaction payés par les preneurs d’ordre, ce mécanisme permet d’accumuler des RAY dans une adresse contrôlée par la DAO. Ces tokens peuvent être brûlés, redistribués ou utilisés pour soutenir de nouvelles initiatives comme Raydium Perps.

Depuis le lancement du protocole, environ 186 millions de dollars ont été mobilisés pour ces rachats. Sur le premier semestre 2025, près de 15 millions de RAY ont été rachetés pour un total de 76 millions de dollars, dont 54 millions concentrés sur le seul mois de janvier. Cette période a vu le DEX générer 430 millions de dollars de frais de swap pour un volume cumulé de 124 milliards.

Les tokens rachetés ne sont pas détruits de manière automatique. La DAO conserve une flexibilité sur leur usage, ce qui lui permet d’adapter sa stratégie en fonction des priorités du moment : soutien à la liquidité, développement de nouveaux produits, ou incitations à la participation. Ce mécanisme renforce le rôle du token dans la gouvernance tout en introduisant une dynamique de pression acheteuse dans la structure économique du protocole.

Utilité du token et mécanismes de création de valeur

Un token multifonctionnel ancré dans l’usage du protocole

Le token $RAY remplit plusieurs fonctions au sein de l’écosystème Raydium. Il permet d’abord aux détenteurs de le staker pour percevoir 0,03 % des frais générés par le protocole, assurant un rendement passif directement lié à l’activité de trading. Il sert également de jeton de gouvernance : via la plateforme Realms, les utilisateurs peuvent voter sur des décisions clés, telles que l’ajout de pools, la modification des paramètres de frais ou la validation de nouveaux partenariats. Ce modèle de gouvernance reste en évolution.

Le token est aussi utilisé dans les activités de farming. Les fournisseurs de liquidité peuvent déposer leurs LP tokens dans des fermes et gagner des récompenses, avec des multiplicateurs de rendement supplémentaires pour les utilisateurs qui stakent du RAY. Depuis juin 2025, Raydium a mis en place un programme d’incitations hebdomadaires de 50 000 RAY, destiné à stimuler l’engagement sur la plateforme. Ce dispositif inclut des tirages au sort pour les traders, des primes pour les projets lancés via LaunchLab, et des bonus pour les fournisseurs de liquidité dans les Fusion Pools.

Ces usages structurent la demande pour le token, en l’indexant directement sur l’utilisation du protocole.

Une stratégie de rachat au centre du modèle économique

Le principal mécanisme de valorisation de $RAY repose sur un programme de rachats réguliers financé par une fraction des revenus issus des frais de trading. Ce lien entre les performances économiques du protocole et la pression acheteuse sur le token contribue à stabiliser sa valorisation, en particulier en période de forte activité.

En dehors du staking, aucun dispositif n’est prévu pour redistribuer les revenus aux détenteurs. L’appréciation du token dépend donc largement de la continuité et de l’ampleur de ces rachats. Ce choix traduit une volonté de renforcer la trésorerie du protocole tout en créant un effet de rareté progressif.

Un actif liquide sur les marchés secondaires

Au mois de juin 2025, le token RAY s’échange autour de 2,16 dollars, pour une capitalisation boursière d’environ 626 millions de dollars, sur un total de 288,6 millions de tokens en circulation. Sa valorisation totalement diluée (FDV) atteint 1,2 milliard de dollars. Le token est listé sur plusieurs grandes plateformes d’échange, dont Binance, ainsi que sur plusieurs DEX. Le volume de trading quotidien est estimé à 33 millions de dollars, avec des paires actives comme RAY/USDC. Cette liquidité soutenue témoigne d’une adoption stable au sein de l’écosystème.

Un modèle économique centré sur les frais de transaction

Raydium génère l’essentiel de ses revenus à travers les frais prélevés sur chaque swap de tokens effectué sur son DEX. Le protocole applique une commission fixe de 0,25 % par transaction, dont 0,22 % est redistribué aux fournisseurs de liquidité, et 0,03 % est affecté aux détenteurs de RAY via le mécanisme de staking. Ce partage vise à renforcer l’attractivité du protocole pour les LPs et à encourager l’activité sur la plateforme, dans un contexte concurrentiel marqué par une pression constante sur les frais.

À cette source principale s’ajoutent des revenus générés par LaunchLab, lancé en avril 2025. Cette plateforme permet aux projets de lancer leur token sans coût initial, avec une migration immédiate de la liquidité vers les pools de Raydium. Le protocole perçoit des frais de lancement et des commissions post-migration, dont une part peut être reversée aux créateurs de projets ou à des partenaires. Le cas de Letsbonk.fun illustre ce fonctionnement : ce launchpad de memecoins redistribue une part des revenus à la communauté de validateurs et utilise une partie des fonds pour soutenir le token $BONK.

Ces deux canaux de monétisation permettent à Raydium d’occuper une position importante sur le marché Solana. En janvier 2025, le protocole concentrait 47,1 % des volumes DEX sur le réseau, soit plus de 124 milliards de dollars échangés sur le mois, selon Messari. Cette part de marché l’a placé, sur certaines périodes, devant Uniswap en termes de volumes cumulés.

Cette dynamique masque toutefois une dépendance à des flux parfois instables. En janvier 2025, les memecoins représentaient 65 % des volumes échangés sur Raydium. Une structure qui expose le protocole à une forte volatilité. En février, une baisse de l’activité globale sur Solana a entraîné un recul de 66 % des volumes de trading, affectant directement les revenus du protocole, selon les données de DeFiLlama.

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Trésorerie et santé financière

La trésorerie de Raydium repose majoritairement sur son token natif, le $RAY, complété par des actifs liquides comme l’USDC. Un mécanisme automatique consacre 12 % des frais de trading à l’achat de $RAY, renforçant progressivement les réserves du protocole.

Selon les dernières données disponibles, le trésor de gouvernance s’élève à environ 134,2 millions de dollars, dont près de 55 millions de tokens $RAY. Cette réserve est alimentée par deux canaux : les rachats issus des frais de transaction (12 %) et les versements directs de certains pools, en particulier ceux à liquidité concentrée (4 % des frais).

L’usage principal de cette trésorerie reste à ce jour le rachat de tokens. En janvier 2025, par exemple, Raydium a mobilisé 54 millions de dollars pour racheter environ 8,8 millions de $RAY. Ce mécanisme alimente une politique de réduction de l’offre en circulation tout en soutenant le prix du token.

Sur le plan fondamental, la valorisation du protocole peut s’analyser via un ratio P/B (Price to Book), comparant la capitalisation boursière (705 millions de dollars) à la valeur des actifs nets (134,2 millions). Le ratio ressort à 5,26, signalant un marché confiant dans les perspectives du protocole, malgré une monétisation encore partielle.

Raydium a généré 481 millions de dollars de frais en rythme annualisé, pour 149 millions de revenus nets, d’après les estimations de DeFiLlama. Rapporté à sa valorisation, cela donne un ratio P/E (Price to Earnings) de 4,73. Un niveau qui reflète un modèle déjà rentable, mais dont la pérennité dépendra de la capacité à maintenir — voire augmenter — ces revenus.

Au premier trimestre 2025, la DAO a poursuivi cette stratégie en rachetant 15,4 millions de $RAY, soit 2,8 % de l’offre maximale, pour un montant total de 76,2 millions de dollars. Cette approche donne à Raydium une marge de manœuvre pour ajuster ses priorités en fonction des conditions de marché.

Partenariats

Raydium a structuré sa montée en puissance sur Solana à travers une série de partenariats stratégiques. La collaboration avec Bonfida, OpenBook et Jupiter a facilité la transition après l’arrêt de Serum en 2022, tout en renforçant la profondeur de marché et la compétitivité des prix sur le DEX. Ces intégrations ont contribué à optimiser l’expérience de trading, en consolidant les volumes via des flux de liquidité partagés. Son launchpad AcceleRaytor a aussi permis de faire émerger des projets comme WEN et BONK, qui ont su mobiliser une large base d’utilisateurs.

En janvier 2025, Raydium a lancé Raydium Perps, une plateforme dédiée aux contrats perpétuels, en partenariat avec Orderly Network. Cette offre propose un trading sans frais de gaz, avec un levier allant jusqu’à 50x sur plus de 110 paires. Ce lancement s’inscrit dans une stratégie de diversification vers des produits à plus forte valeur ajoutée pour des utilisateurs expérimentés.

Raydium cherche aussi à faciliter l’entrée dans l’écosystème Solana pour les utilisateurs non familiers avec la crypto. En juillet 2024, le protocole a noué un partenariat avec MoonPay pour permettre l’achat direct de tokens Solana avec des devises fiat. Ce service est désormais disponible dans plus de 160 pays, pour un public potentiel de 20 millions d’utilisateurs.

Cette dynamique d’accessibilité s’est poursuivie en février 2025 avec l’intégration de Zypto App, une application mobile qui simplifie l’accès au trading sur Raydium. L’interface vise un public plus large, en ciblant également les utilisateurs débutants.

Enfin, en mars 2025, Raydium a consolidé son ancrage dans la DeFi de Solana en s’associant à Pumpkin.fun. Ce partenariat permet d’intégrer la liquidité CLMM au sein de la plateforme et propose un partage des frais ainsi que des mécanismes de récompense pour les stakers, renforçant ainsi la complémentarité entre les deux protocoles.

Concurrence

Raydium reste un acteur majeur de la DeFi sur Solana, mais son poids relatif s’est érodé face à l’émergence de nouvelles plateformes. En juin 2025, le protocole représente en moyenne 11,7 % des volumes DEX sur le réseau, loin derrière Pump.fun, qui domine désormais avec 72,8 % de part de marché. Ce recentrage s’explique par la montée en puissance de son DEX intégré, PumpSwap, associé à un launchpad à succès.

Jusqu’en mars 2025, Raydium bénéficiait indirectement de l’activité de Pump.fun. Les tokens créés sur ce launchpad étaient automatiquement migrés vers ses pools AMM, représentant jusqu’à 41 % de ses revenus issus des frais de swap en février. Ce flux a été interrompu avec le lancement de PumpSwap le 20 mars, qui intègre de manière native un DEX et propose des conditions favorables aux créateurs de tokens : migration gratuite, redistribution de 50 % des frais, et interface unifiée.

Cette stratégie a rapidement porté ses fruits. Dès mai, PumpSwap s’est hissé à 21 % de part de marché sur les volumes DEX de Solana en une semaine, atteignant un pic à 80 millions de dollars de volume quotidien. Face à cette concurrence directe, Raydium doit désormais repenser son positionnement pour rester compétitif sur un marché en évolution rapide.

Limites structurelles et vulnérabilités du protocole

Raydium conserve une position clé dans l’écosystème Solana, mais plusieurs vulnérabilités pourraient affecter sa trajectoire à moyen terme. Si la pression concurrentielle exercée par Pump.fun est aujourd’hui bien identifiée, d’autres limites d’ordre technique, structurel et économique pèsent sur la stabilité du protocole.

Raydium repose sur l’infrastructure du carnet d’ordres on-chain d’OpenBook, ce qui lui confère des atouts en matière de profondeur de marché, mais expose également le protocole à des risques de liquidité. En période de forte volatilité ou en cas de retrait de certains market makers, la qualité d’exécution peut se dégrader, avec un impact direct sur l’expérience utilisateur.

À cela s’ajoute la sensibilité du protocole aux performances du réseau Solana. Malgré l’arrivée du validateur Firedancer sur le mainnet en avril 2025, qui a permis d’améliorer les temps de confirmation et de réduire les congestions, le réseau reste sujet à des interruptions ponctuelles susceptibles d’affecter les opérations du DEX.

Raydium est également exposé à la dynamique instable des memecoins, qui a été l’un des principaux moteurs de croissance du protocole. Cette dépendance s’est révélée risquée en février 2025, lorsque l’affaire LIBRA a entraîné une baisse de 51,7 % des volumes de memecoins sur Solana, passant de 206 à 99,5 milliards de dollars. Un choc de cette ampleur affecte mécaniquement les revenus du DEX.

Enfin, le contexte réglementaire évolue rapidement. Les enquêtes ouvertes par la SEC sur certains acteurs de l’écosystème Solana en 2025 ont ravivé les incertitudes autour de la conformité des DEX. Une pression accrue sur le cadre juridique pourrait ralentir les partenariats institutionnels et introduire une volatilité plus marquée dans les sources de revenus.

Sur le plan technique, Raydium a renforcé sa sécurité depuis le hack de décembre 2022, notamment en migrant vers OpenBook et en sécurisant ses accès avec des portefeuilles matériels. Néanmoins, sa dépendance à l’infrastructure de Solana reste une contrainte majeure. En cas d’interruption du réseau, l’ensemble du protocole serait mis à l’arrêt.

L’avis de The Big Whale

Raydium continue d’occuper une place importante dans l’écosystème DeFi de Solana. Sa structure hybride, son historique d’adaptation rapide et des initiatives ciblées comme LaunchLab ou les rachats de tokens témoignent d’une volonté de consolider sa position. Le protocole a su démontrer une certaine résilience face aux transformations de l’environnement.

Mais cette solidité cache des fragilités structurelles. Raydium reste fortement dépendant d’OpenBook, de l’évolution du réseau Solana et des cycles de popularité des memecoins, autant de facteurs externes qui échappent en partie à son contrôle. Dans un marché où la concurrence s’intensifie, les réponses du protocole – incentives, farming, mécanismes de rachat – ne suffisent pas à enrayer la perte de part de marché.

L’infrastructure technique reste robuste et la communauté active. Toutefois, pour retrouver une trajectoire ascendante, Raydium devra dépasser la logique défensive et redéfinir un cap plus lisible. Cela suppose un recentrage stratégique, une meilleure diversification de ses relais de croissance, et une capacité à se démarquer au-delà des cycles.

Le socle est en place. L’enjeu désormais : transformer cette base en moteur de relance.

>> Rapport The Big Whale - DeFi & TradFi : la grande convergence

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