Superchain d'Optimism : un modèle économique novateur

Pionnière dans l’écosystème Ethereum, Optimism s’est imposée comme l’une des forces motrices du développement des solutions de « Layer 2 » avec son framework OP Stack. Aujourd’hui, l’initiative va plus loin avec sa vision ambitieuse de la « Superchain » : un écosystème interconnecté de chaînes secondaires partageant une même infrastructure et une liquidité unifiée.

Ce modèle de type freemium, avec une offre « premium » qui s’apparente à une franchise, attire de nombreux projets en quête de soutien technologique et financier. En quelques mois seulement, la Superchain a capté plus de la moitié des revenus de l’écosystème L2, posant ainsi les bases d’une croissance exponentielle. Mais qu’implique réellement ce modèle économique innovant et quelles promesses détient-il pour l’avenir d’Optimism et de son token OP ?

L'histoire de la Superchain

Optimism a toujours été pionnier dans l'avancée technologique pour « scaler » Ethereum. Avant même l'existence des rollups, la fondation s'appelait « Plasma Group » et travaillait sur la technologie Plasma, depuis abandonnée au profit des rollups.

Ils ont été parmi les premiers à lancer leur rollup, suivi de l'OP Stack, un framework open-source facilitant la construction d'une L2 très évolutive et interopérable avec les autres L2.

Optimism a rapidement adopté une vision d'un futur rempli de L2, se positionnant comme le hub central de cette vision en proposant un ensemble d'outils open-source performants, permettant à quiconque de rejoindre la famille OP et de bénéficier de cet effet de réseau.

Au-delà de ce niveau, Optimism a ajouté une couche privilégiée pour ses L2, permettant un travail unifié vers un but commun : la Superchain.

L'idée, lancée en février 2023, décrit un écosystème de Layer 2 interconnectés et unifiés, partageant à l'avenir la même liquidité, comme une seule L2 gigantesque.

Imaginez emprunter du WBTC (wrapped Bitcoin) sur Worldchain grâce à de l'ETH sur Base que vous échangez sur Unichain, le tout en une seule transaction, sans changer de réseau sur votre wallet ni bridger des fonds pour les frais. Voilà la vision de la Superchain.

Une L2 souhaitant utiliser l'OP Stack a deux options :

1. Forker l'OP Stack pour bénéficier de ses outils et d'une interopérabilité facilitée avec les autres L2, et développer son écosystème de façon indépendante.
2. Demander à intégrer la Superchain et profiter de futurs outils comme des standards ou un ordonnancement unifié entre toutes les L2 de la Superchain. En choisissant cette option, il est possible de recevoir un véritable soutien pour son écosystème avec des subventions et du financement rétroactif. En contrepartie, la L2 doit contribuer à la trésorerie de l'Optimism Collective à hauteur de 2,5 % de ses revenus ou 15 % de ses profits (revenus moins coûts de publication sur la L1).

Ces frais sont inclus dans le Standard Rollup Charter, la charte que les rollups doivent respecter. Celle-ci décrit précisément les normes à suivre concernant les revenus, les profits, le regroupement des transactions et la décentralisation, afin de garantir que chaque L2 de la Superchain respecte ses utilisateurs.

Pour résumer, on distingue quatre acteurs différents :

• Optimism Foundation : La fondation derrière Optimism, le L2 qui reverse 100 % de ses revenus à l'Optimism Collective.
• L'Optimism Collective : Une gouvernance décentralisée rassemblant tous les projets participant à la Superchain, dont la trésorerie perçoit un pourcentage des revenus générés par ses participants.
• La Superchain : Un ensemble de projets L2 appelés « OP Chains » utilisant les meilleurs outils mis à disposition par l'Optimism Collective en échange d'une part de leurs revenus.
• Les OP Stacks : Projets L2 qui se contentent de forker l'OP Stack sans participer à l'Optimism Collective ou à la Superchain.

Grâce à ces deux formules, Optimism propose un modèle classique de freemium. Il attire tous types d'acteurs avec une offre gratuite et sans permission, tout en proposant une évolution moyennant un partage des revenus pour bénéficier des meilleurs outils et d'un effet de réseau complet.

Le modèle « premium » de la Superchain s'apparente à une stratégie de franchise classique. Il consiste à vendre sa marque (Optimism Superchain) et ses ressources (standards et messagerie inter-chaînes) en échange d'un pourcentage sur les frais collectés.

Ce modèle puissant permet une croissance rapide lorsque la marque est reconnue et que l'infrastructure facilite la création de franchises. De plus, il crée un cercle vertueux : plus la marque originale attire de franchises, plus elle gagne en notoriété, attirant ainsi davantage de franchises, et ainsi de suite.

Cette approche se rapproche de la stratégie d'Ethereum qui, au lieu de prélever un pourcentage sur les frais, vend directement la ressource nécessaire (les blobs) pour l'exécution des layers 2.

Cette stratégie a l'avantage de favoriser l'émergence de talents extérieurs à l'équipe originale, comme on a pu le constater avec Base, le L2 développé par Coinbase qui fait partie de la Superchain, en leur fournissant les meilleurs outils pour se lancer.

Superchain : Fonctionnement et vision

En réalité, la Superchain n'existe pas encore. C'est pour l'instant une vision qui se concrétisera lorsque :

1. Toutes les transactions de toutes les L2 seront agrégées.
2. Un seul bridge (pont) sera partagé par toutes les L2 grâce à des standards uniques.
3. Le déploiement et l'utilisation des L2 seront extrêmement peu coûteux.
4. Les L2 pourront configurer librement leur fournisseur de disponibilité des données ou de séquençage.
5. Les utilisateurs pourront migrer leurs fonds et leur historique en toute sécurité.

Actuellement, un devnet de la Superchain est opérationnel avec l'apparition de nœuds. Il cessera ses activités le 16 décembre 2024 pour laisser place à un testnet au premier trimestre 2025, suivi d'un mainnet au deuxième trimestre 2025.

La Superchain devrait posséder toutes les propriétés mentionnées ci-dessus, notamment grâce à Across Protocol (lire notre analyse du projet) qui servira de couche d'intentions pour l'ensemble de la Superchain, facilitant l'interopérabilité. De nombreux standards acceptés par toutes les OP Chains y contribueront également.

Bien qu'aucun staking ne soit mentionné pour les nœuds Optimism, il est envisageable que les OP Chains puissent utiliser le staking de leur propre jeton pour leurs nœuds au sein de la Superchain.

Le Shared Sequencing est également évoqué pour sa capacité à créer des transactions atomiques et synchronisées. Il pourrait être intégré de manière permissionless ultérieurement.

Où en est la Superchain ?

La fondation Optimism a enregistré un total de 54 Layer 2 (probablement bien plus en réalité). Parmi celles-ci, 42 font partie de la Superchain, dont 14 qui ne sont pas encore en mainnet.

Voici un aperçu de la Superchain au moment de la rédaction (mi-novembre 2024) :

En comparaison avec l'ensemble des L2, 21 % font partie de la Superchain et 44 % utilisent l'OP Stack.

Il semble que les avantages à rejoindre la Superchain aient été bien plus attrayants que la modeste contribution à la trésorerie exigée par l'Optimism Collective, incitant de nombreuses L2 à opter pour l'offre « premium ».

En quelques mois seulement, la Superchain a atteint des chiffres impressionnants :

1. 52 % de toutes les transactions L2
2. 8 % des transactions, L1 inclus
3. 40 % de la TVL totale sur les L2
4. 4 % de la TVL, L1 inclus
5. 57 % de tous les revenus L2

Ces parts de marché sont en augmentation constante depuis plusieurs mois, et ce malgré le fait que de nombreuses L2 prometteuses de la Superchain, telles que Unichain de Uniswap Labs ou Ink de Kraken, ne soient pas encore lancées.

On peut conclure que la Superchain attire non seulement une grande partie des L2, mais parvient aussi à rassembler les plus pertinentes. En effet, avec seulement 21 % de toutes les L2, la Superchain génère 57 % des revenus du secteur.

Et le jeton OP dans tout ça ?

Malgré un été calme, les revenus de la trésorerie de l'Optimism Collective repartent en hausse avec 435 ETH en octobre 2024, soit environ 1 million de dollars. Le total accumulé atteint presque 16 000 ETH, l'équivalent de 40 millions de dollars.

Ces revenus sont méticuleusement documentés, et les adresses liées à ces revenus sont publiques :

0xa3d596EAfaB6B13Ab18D40FaE1A962700C84ADEa

0x391716d440C151C42cdf1C95C1d83A5427Bca52C3

0xC2eC5Dd60CBD5242b8cdeB9d0d37Ff6024584631

Bien que ces chiffres ne soient pas encore très impressionnants, la capacité de l'Optimism Collective à se développer horizontalement crée une croissance exponentielle de ses revenus. Chaque L2 ajoutée à sa Superchain contribue à générer des revenus qui alimentent la trésorerie de l'Optimism Collective.

Ces revenus peuvent être utilisés pour conclure des accords avec de futures L2 prometteuses sur la Superchain.

Un exemple récent est celui de Kraken et sa L2 Ink, qu'Optimism a financée à hauteur de 24 millions de OP (environ 41 millions de dollars), en échange de son futur jeton (dans le cas où celui-ci serait lancé, ce qui est encore incertain) et de l'assurance de sa participation aux futurs revenus d'Optimism Collective. C'est un cercle vertueux qui peut créer une dynamique exponentielle puissante.

Ce budget peut aussi servir à la fondation pour les « retro fundings », qui visent à encourager la création ou l'utilisation de dApps et donc à accélérer l'adoption des L2 de la Superchain. C'est un autre cercle vertueux, puisque cela peut générer de l'activité, des frais et, par conséquent, des revenus pour l'Optimism Collective.

Puisqu'Optimism, et par extension son jeton OP, sont au cœur de l'Optimism Collective et de la Superchain, le jeton OP représente indirectement le succès de cet écosystème.

Qu'en est-il du partage des revenus ?

Pour le moment, le jeton OP n'a d'autre utilité que celle de la gouvernance.

Cela dit, rien n'empêche les participants à la gouvernance de proposer un partage des revenus. Cependant, il est peu probable que celui-ci soit accepté tant que l'Optimism Collective est en phase d'expansion, car elle a besoin de ses revenus pour financer ses opérations futures et s'étendre le plus possible.

Créer un partage des revenus aujourd'hui reviendrait à imposer un plafond de verre pour la Superchain et ses participants.

Contrairement à une croyance répandue, la part des revenus générés par la Superchain ne revient pas à l'équipe. Ils n'ont donc aucune raison de ne pas les redistribuer aux participants à la gouvernance le moment venu.

Il faut noter que la vision de l'Optimism Collective ne s'arrête pas à 50 L2 pour la Superchain, mais vise plus de 1000. Si le collectif parvient à concrétiser cette vision, tout en unifiant les liquidités et en donnant l'impression à ses utilisateurs d'être sur une seule chaîne gigantesque, on peut alors imaginer une Superchain générant des dizaines, voire des centaines de millions par mois.

Ces revenus seraient amplement suffisants pour subvenir aux opérations du collectif, tout en en partageant une partie avec les détenteurs/stakers. Cela créerait une incitation supplémentaire à acheter le jeton OP, qui représenterait directement le succès d'Optimism, de l'Optimism Collective et de sa Superchain.

Conclusion

Même sans avoir encore de véritable Superchain, l'écosystème des OP Chains montre une réelle force dans l'environnement L2 et une croissance qui devrait continuer de s'accélérer par effet de réseau.

Chaque L2 ajoutée à la future Superchain représente une source de revenus supplémentaire. Optimism, en plus de choisir des acteurs pertinents et de leur donner les clés pour réussir, va jusqu'à aider financièrement l'écosystème de ces L2 à se lancer.

Le jeton OP n'est pour le moment utile qu'à la gouvernance ; les performances de la Superchain n'ont donc aucun impact direct sur le jeton OP pour l'instant.

En revanche, on peut facilement supposer qu'un jour, il servira au partage des revenus. En attendant, on peut compter sur la spéculation pour créer une pression acheteuse si les investisseurs voient en Optimism, l'Optimism Collective et sa Superchain un bel avenir.

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