Uniswap v4 : Tout comprendre à la nouvelle version et ses implications

Uniswap v4 : Tout comprendre à la nouvelle version et ses implications

Uniswap continue de redéfinir les échanges décentralisés avec sa version 4, qui introduit une architecture plus efficiente et des fonctionnalités innovantes comme les hooks personnalisables et l’architecture singleton, réduisant les coûts et augmentant la flexibilité du protocole. Alors que la concurrence s’intensifie, notamment avec l’essor des DEX sur Solana, Uniswap maintient sa position dominante sur Ethereum et explore de nouvelles opportunités avec Unichain, une solution de couche 2 qui pourrait renforcer l’utilité du token UNI.

Uniswap, le leader des plateformes d’échange décentralisées, a évolué progressivement depuis ses débuts. La v1 se limitait aux échanges entre ETH et un token ERC20 unique via un modèle AMM à produit constant. La v2 a enrichi les fonctionnalités en permettant les échanges directs entre tokens et en introduisant les flash swaps, diversifiant ainsi les options de liquidité. Quant à la v3, elle a marqué une innovation majeure avec sa liquidité concentrée et ses multiples niveaux de frais, optimisant à la fois l'efficacité des fournisseurs de liquidité et les conditions d'échange pour les traders.

Quoi de neuf dans la V4 ?

La v4 conserve les avantages de la v3 tout en introduisant de nouvelles fonctionnalités majeures, notamment l'architecture « Singleton » et les « hooks », qui rendent le protocole plus flexible et personnalisable.

Voici les 5 nouveautés principales d'Uniswap v4 :

1- Hooks personnalisables : une flexibilité inédite

Les hooks d'Uniswap v4 permettent une personnalisation complète des interactions entre pools, swaps, frais et positions LP. Chaque pool peut intégrer un "hook", un contrat programmable qui déclenche des actions spécifiques à différentes étapes d'une transaction.

Exemples :

- Un pool de stablecoins USDC/DAI peut utiliser un hook pour ajuster automatiquement les frais de swap selon la volatilité du marché.
- Un projet DeFi peut implémenter un hook pour rediriger une partie des frais de swap vers un fonds communautaire ou offrir des avantages aux utilisateurs fidèles.

2 - Architecture Singleton : réduction des coûts et plus d'efficacité

Uniswap V4 adopte une architecture singleton où un seul contrat gère l'ensemble des pools de liquidité, contrairement aux versions précédentes qui nécessitaient un contrat distinct par pool. Cette approche réduit les frais de création de pools et optimise les swaps multi-hop (échanges passant par plusieurs pools intermédiaires pour obtenir un meilleur taux).

Exemples :

- Un projet lançant un nouveau token (ex : XTOK) peut créer un pool XTOK/ETH sans déployer de contrat coûteux.

3 - Flash Accounting : des transactions complexes à moindre coût

L'architecture singleton introduit le Flash Accounting qui optimise les transactions complexes et réduit les frais de gaz pour les échanges multi-pools. Cette fonction élimine les frais intermédiaires entre les pools de liquidité et facilite l'intégration d'Uniswap v4 dans des applications sophistiquées, comme les stratégies de trading avancées ou les connexions avec d'autres protocoles.

Exemples :

- Un trader peut échanger un token A contre un token C en passant par deux pools intermédiaires (A/ETH et ETH/C) en une seule transaction, sans frais intermédiaires, grâce au flash accounting.

4 - Support de l'ETH natif : une meilleure expérience utilisateur

Uniswap V4 réintroduit le support de l'ETH natif, éliminant le besoin de conversion en WETH. Cette amélioration simplifie l'utilisation du DEX et réduit les frais de gaz liés au wrapping/unwrapping.

5 - Custom Accounting : de nouvelles possibilités pour la gestion des pools

Avec le Custom Accounting, Uniswap V4 permet d'étendre ou de modifier les modèles traditionnels de liquidité concentrée. Le contrat singleton sert de couche de règlement universelle pour différents types de pools et de stratégies.

Exemples :

- Un pool peut intégrer un hook appliquant des frais de retrait pour décourager les comportements opportunistes.

Uniswap v4 optimise considérablement les coûts grâce à son architecture Singleton et au flash accounting. La plateforme devient plus économique, tant pour les swaps que pour la création de pools. Les hooks personnalisables offrent aux développeurs une flexibilité accrue, permettant l'ajout de fonctionnalités comme les ordres à cours limité ou les frais dynamiques. Le support de l'ETH natif élimine les conversions superflues, réduisant davantage les coûts.

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Quel est le poids d’Uniswap parmi les DEX ?

Uniswap maintient une position dominante dans l'univers des échanges décentralisés (DEX). Sur Ethereum, il reste le DEX incontesté en termes de volume et de liquidité. Toutefois, dans l'écosystème multichain global, sa suprématie n'est plus absolue.

Classement en volume sur 30 jours via Defillama

Avec l'essor de Solana, l'activité des DEX comme Raydium a explosé. Au cours des 30 derniers jours, Raydium a surpassé Uniswap en volume d'échange pour la deuxième fois sur un mois entier — la première occurrence datant de novembre 2024. Cette performance s'explique principalement par l'engouement autour des memecoins, en particulier les tokens $TRUMP et $MELANIA en janvier, qui ont généré des volumes considérables au bénéfice de Raydium.

Volume DEX mensuel via Defillama

Bien qu'Uniswap conserve sa domination sur les réseaux EVM, la concurrence s'intensifie avec l'émergence d'autres écosystèmes comme Solana, qui attirent des volumes d'échange croissants. Si Uniswap n'occupe plus systématiquement la première place en termes de volume, il maintient sa position dans le top 3.

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Les nouvelles fonctionnalités d’Uniswap v4 rendent-elles le token UNI plus utile ?

Bien qu'Uniswap v4 améliore l'efficacité du DEX, cette mise à jour ne transforme pas le token UNI en un actif essentiel au fonctionnement du protocole, car elle n'ajoute pas de nouvelles utilités directes au token.

Toutefois, si la gouvernance active le « fee switch » ou d'autres mécanismes de capture de valeur, UNI pourrait devenir un token générateur de revenus directs pour ses détenteurs, donnant ainsi une nouvelle dimension économique à son rôle.

Pour le moment, UNI demeure essentiellement un token de gouvernance, sans fonction économique directe dans le protocole. Néanmoins, les améliorations d'Uniswap V4, notamment la flexibilité des frais de transaction, pourraient favoriser des évolutions futures.

Où en est le projet Unichain ?

Unichain est une solution de couche 2 d'Ethereum, développée par Uniswap Labs et conçue comme hub central de liquidité inter-chaînes. Construite sur la pile OP, elle vise à offrir des transactions instantanées avec des temps de blocage initiaux d'une seconde, qui seront réduits à 250 millisecondes à terme.

Depuis son lancement sur le testnet Sepolia en octobre 2024, Unichain a démontré des performances impressionnantes : plus de 90 millions de transactions de test traitées, plus de 13,3 millions de contrats de test déployés, et une disponibilité dépassant 99 % pour tous les services critiques.

Le lancement du mainnet public est programmé pour début 2025. Il intégrera dès le premier jour les Permissionless Fault Proofs (preuves de faute sans permission), qui ont été activées le 8 janvier 2025 sur le testnet Sepolia lors d'une maintenance planifiée. Ces preuves permettront à chacun de vérifier l'activité de la chaîne.

L'innovation majeure d'Unichain réside dans son modèle de redistribution des revenus. Alors que la plupart des solutions de couche 2 se limitent à un simple token de gouvernance, Uniswap se démarque en attribuant 65% des revenus nets d'Unichain aux validateurs et aux stakers de l'Unichain Validation Network (UVN). Cette récompense reconnaît leur contribution à la sécurisation du réseau. Pour devenir validateur, il suffit de staker des tokens UNI sur le réseau Ethereum.

Dans les mois à venir, une version test de l'UVN sera déployée sur le réseau de test d'Unichain pour évaluer sa stabilité et ses performances. Son lancement officiel suivra une fois les tests validés. Ce modèle économique innovant renforce non seulement l'utilité du token $UNI, mais redéfinit aussi les standards du marché.

Que dire de son modèle économique ?

Le modèle économique d'Uniswap s'articule autour de plusieurs éléments. Premièrement, Uniswap Labs (et non le protocole Uniswap en lui-même) capture des frais fixes de 0,25% lorsque vous effectuez un swap via son interface (Uniswap.org ou son wallet). Ces frais servent à financer les opérations de l'entreprise et sont distincts des frais du protocole Uniswap.

Introduits fin 2023 avec un taux initial de 0,15 %, ces frais ont été portés à 0,25 % en avril 2024, taux qui reste en vigueur à ce jour. Cette hausse a consolidé leur position comme source majeure de revenus pour Uniswap Labs.

Le graphique ci-dessus illustre la progression significative des frais collectés depuis leur mise en place, avec une nette augmentation suite à la révision d'avril 2024.

En tout, Uniswap Labs a collecté plus de 10 millions de dollars de frais depuis leur activation [(données en temps réel ici).](https://dune.com/kroeger0x/uniswap-labs-fees)

Frais journaliers prélevés par Uniswap Labs via Defillama

Le protocole d'Uniswap génère des frais de trading via les fournisseurs de liquidité (LP), avec des modifications importantes dans la v4.

Le principal changement concerne les hooks, des modules personnalisables qui permettent une gestion dynamique des frais.

Contrairement aux versions précédentes où les frais étaient fixes (0,05 %, 0,30 %, ou 1 % dans la v3), les hooks de la v4 permettent :

- Une variation en temps réel basée sur la volatilité, le volume des échanges et d'autres indicateurs du marché
- Des ajustements à différents intervalles : par swap, par bloc, par transaction, ou même annuellement
- Une flexibilité totale dans les taux (4,9 bips, 10 bips, etc.)

Cette souplesse représente une avancée significative par rapport aux frais statiques antérieurs, optimisant les opérations tant pour les fournisseurs de liquidités que pour les traders.

À ce jour, le "fee switch" n'a pas été activé, ce qui signifie que le protocole (et non l'entreprise Uniswap Labs) ne génère pas de revenus directs. 100 % des frais de swaps sont actuellement perçus par les fournisseurs de liquidité (LPs).

Le modèle économique privilégie l'incitation des fournisseurs de liquidité, pendant qu'Uniswap Labs finance ses opérations par d'autres moyens. Le protocole possède un mécanisme potentiel de revenus, dont l'activation reste soumise aux décisions communautaires.

Dans un contexte réglementaire qui pourrait s'assouplir dans l'industrie crypto, notamment aux États-Unis, l'économie d'Uniswap pourrait connaître des transformations majeures dans les mois à venir.

Quel est l'état de la gouvernance du protocole Uniswap ?

Uniswap reste aujourd’hui une gouvernance très centralisée. Contrairement à un système démocratique classique, où chaque voix compte de manière égale, la gouvernance d’Uniswap est dominée par ceux qui détiennent le plus de tokens. En pratique, ce sont donc les plus gros détenteurs qui décident de l’issue des votes, limitant l’influence des autres participants.

Un exemple frappant est le rejet, à plusieurs reprises depuis les 3 dernières années, de la proposition visant à activer le “fee switch” (le mécanisme qui permettrait de commencer à redistribuer des revenus aux détenteurs du token UNI). Le dernière décision a encore d’ailleurs été fortement influencée par les portefeuilles des principales entités contrôlant la gouvernance, comme le fonds de capital-risque américain a16z et le fondateur d’Uniswap Hayden Adams, qui ont invoqué des risques réglementaires pour justifier leur opposition.

Ce n’est pas la première fois qu’a16z use de son influence pour orienter un vote en sa faveur. En février 2023, le fonds avait à lui seul fait basculer une décision concernant l’intégration de la BNB Chain sur Uniswap. Plutôt que de soutenir la proposition, a16z l’avait bloquée car elle intégrait un bridge concurrent (Wormhole) dans lequel elle avait investi (LayerZero), ce qui a soulevé des questions sur d’éventuels conflits d’intérêts au sein de la gouvernance du protocole.

Fin 2024, Uniswap Labs a lancé Unichain sans consulter la DAO, déclenchant de vives critiques au sein de la communauté. Billy Gao, responsable de la gouvernance du club blockchain de l’Université de Stanford qui l’un des plus grands délégués de la DAO Uniswap, a notamment dénoncé ce manque de transparence. Ce choix a été perçu comme une négation du rôle de la DAO et une preuve supplémentaire que les décisions clés sont prises en circuit fermé par Uniswap, plutôt que par la communauté.

Cet épisode soulève une fois de plus la question du véritable degré de décentralisation de la gouvernance d’Uniswap et de l’influence réelle des détenteurs de tokens sur les décisions stratégiques. La promesse d’une gouvernance participative semble encore lointaine tant que le pouvoir reste concentré entre les mains de quelques acteurs dominants. Ce graphique de Bubblemaps l'illustre parfaitement : moins de 10 clusters se partagent près de 20 % de la supply totale d'UNI.

Représentation des clusters détenant le plus d’UNI, source Bubblemaps

>> Lire aussi : Les ambitions institutionnelles d'Uniswap

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