Cassie Craddock (Ripple Europe) : "Nous voulons fournir une infrastructure de bout en bout pour les institutions financières"

D'abord focalisé sur les paiements transfrontaliers, l'Américain Ripple a progressivement élargi sa palette de services à la conservation et à la tokenisation. Une stratégie qui doit lui permettre de devenir "incontournable" auprès des entreprises, comme nous l'explique dans une interview sa patronne en Europe, Cassie Craddock.
The Big Whale : Ripple est l'une des sociétés les plus anciennes du secteur. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
Interviewé : Ripple a été lancé en 2012, en se concentrant sur un problème bien identifié : les paiements transfrontaliers. Passer par le système financier traditionnel est très lent et le reste encore aujourd'hui — dans certains pays, cela reste encore plus rapide de transporter l'argent physiquement que de faire des transactions numériques, donc Ripple a été créé pour régler ce problème.
Considérez-vous que vous avez réussi ?
Le chemin reste encore long, mais nous avons permis d'améliorer les choses. À date, nous avons traité plus de 70 milliards de dollars de transactions.
The Big Whale : La blockchain XRP et Ripple sont souvent confondus. Pouvez-vous nous expliquer la différence ?
XRP est le jeton natif de la blockchain XRP. Les trois fondateurs ont fait don d'une grande quantité de XRP à Ripple pour créer une entreprise à but lucratif en 2012.
Aujourd'hui, Ripple opère dans 90 pays. Nous nous développons mondialement, avec des licences d'établissement de paiement aux États-Unis, aux Émirats arabes unis, et nous travaillons dessus pour l'Europe. Mais nous ne faisons pas que cela.
Depuis mon arrivée en 2017, j'ai vu Ripple évoluer d'une entreprise de paiements transfrontaliers utilisant le token XRP à un fournisseur d'infrastructure d'actifs numériques.
Nous sommes devenus un partenaire de confiance en développant des solutions complètes — réseaux de paiement, relations avec les plateformes, liquidité et conformité.
Nos concurrents vont des plateformes d'échange aux dépositaires et sociétés de paiement. Les grandes institutions comme Société Générale Forge et HSBC nous choisissent pour notre expertise et notre approche axée sur la conformité.
Comment travaillez-vous concrètement avec les institutions financières ?
Nous ne sommes pas un cabinet de conseil, mais nous fournissons des services financiers sur mesure. Notre rôle est d'accompagner les entreprises à identifier leurs besoins et à y apporter des solutions avec nos produits. Nous les accompagnons dans le développement de cas d'usage de tokenisation, de paiement, de staking, de lending et de borrowing.
Comment maintenez-vous votre compétitivité face aux entreprises spécialisées ?
La conservation des actifs numériques est le point d'entrée pour les institutions financières, qui ont besoin d'un stockage sécurisé des actifs numériques. C'est la base et c'est précisément pour cette raison que nous avons racheté Metaco en 2023 pour 250 millions de dollars.
Metaco, qui est devenu Ripple Custody, est utilisé par de nombreuses institutions financières comme Société Générale Forge et HSBC. Les institutions financières peuvent développer leurs propres applications ou travailler avec nous de la conservation jusqu'à l'émission de tokens. C'est grâce à ce grand éventail de services que nous sommes capables de rester compétitifs.
Nous constatons une demande croissante en France, en Espagne, en Italie et en Suisse alors que les banques accélèrent sur les offres de services d'actifs numériques.
Vous avez également lancé un stablecoin, le RLUSD. À quoi sert-il ? Où est-il disponible ?
Interviewé : Notre stablecoin est basé sur le dollar américain. Nous avons d'abord lancé une version sur le dollar américain parce que c'est clairement le plus gros marché. Mais nous regardons évidemment les opportunités qu'il y a de lancer un stablecoin en euro et en livre sterling.
Quelle est votre vision du marché des stablecoins ?
Le marché des stablecoins est actuellement de 200 milliards de dollars et devrait atteindre 3 000 milliards de dollars d'ici la fin de la décennie. Nous sommes entrés dans ce domaine avec une approche axée sur la conformité, obtenant une licence du Department of Financial Services (NYDFS) de l'État de New York.
Notre stablecoin n'a pas été lancé uniquement pour concurrencer Circle ou Tether — il répondait à la demande des clients pour notre produit de paiement transfrontalier.
Quel avenir pour le XRP dans ce contexte ?
XRP est essentiel pour utiliser la blockchain XRP — chaque transaction en nécessite. Le choix entre XRP et les stablecoins dépend du cas d'usage spécifique et de ce que les développeurs construisent. Parfois XRP est plus approprié, d'autres fois c'est notre stablecoin.
Indépendamment du succès de Ripple, XRP continuera d'exister de manière autonome. D'autres développeurs construisent sur la blockchain XRP, principalement pour des cas d'utilisation financiers, mais nous voyons cela s'étendre au-delà de la finance.
Vous dirigez Ripple en Europe, quelle est votre stratégie ?
Pendant deux ans et nos procès aux États-Unis, nous nous sommes concentrés sur notre expansion hors des États-Unis, et notamment en Europe. Nous avons maintenant environ 200 employés au Royaume-Uni, à Londres, à Genève, en Islande et en Irlande.
Comment l'élection de Trump a-t-elle impacté la stratégie européenne de Ripple ?
Nous continuerons à investir en Europe. La région montre un fort potentiel de croissance. Bien que la réglementation MiCA présente des défis, elle est plus favorable que dans d'autres régions et incite clairement les institutions financières à se lancer.
Au Royaume-Uni, nous travaillons avec le gouvernement pour créer des cadres réglementaires équivalents. Même si San Francisco reste notre siège avec la majorité des effectifs, nous voulons rester très engagés dans les régions où le cadre réglementaire est clair.
Sur quels projets travaillez-vous en termes de tokenisation ?
Nous nous sommes associés à Archax pour tokeniser des fonds monétaires avec Aberdeen sur XRP Ledger. Société Générale Forge utilise notre solution de conservation pour leur Euro CV.
Nous travaillons également avec Ondo Finance sur la tokenisation de bons du Trésor américain. Les grandes banques se concentrent principalement sur les offres institutionnelles/retail et les cas d'usage de tokenisation.
Où voyez-vous Ripple dans cinq ans ?
Nous voulons fournir une infrastructure de bout en bout pour les institutions financières. Nous voulons voir une adoption généralisée des cas d'usage de tokenisation, de stablecoin et de paiement.
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.

