Exclusif. Big Bang chez The Sandbox : les fondateurs écartés par Animoca

The Sandbox connaît un tournant majeur avec la mise à l'écart de ses fondateurs et une reprise en main directe par son actionnaire principal Animoca Brands. Entre le départ de plus de 50 % des effectifs et un recentrage stratégique, l'avenir du projet semble désormais se jouer bien au-delà du métavers lui-même.
The Sandbox tourne une page de son histoire. Selon nos informations, les cofondateurs Sébastien Borget et Arthur Madrid ont été écartés de la direction opérationnelle de la plateforme de métavers, propriété du géant hongkongais Animoca Brands.
Animoca a officialisé en interne, il y a deux semaines, la nomination de Robby Yung (CEO d'Animoca) au poste de CEO de The Sandbox. Sébastien Borget hérite d'un rôle d'”ambassadeur”, tandis qu'Arthur Madrid devient simple chairman (une fonction non-exécutive). “Sébastien et Arthur sortent de l'organisation stratégique, ils n'ont plus de pouvoir exécutif”, explique une source interne.
Une information confirmée à The Big Whale par Sébastien Borget qui continuera à porter la vision du projet publiquement. “Je reste la personne qui représente le mieux The Sandbox à travers le monde”, indique-t-il.
Derrière cette réorganisation, Animoca cherche avant tout à reprendre la main sur un projet jugé décevant. “Ils ont dépensé 300 millions de dollars depuis huit ans pour un jeu qui compte seulement quelques centaines d'utilisateurs quotidiens réels, dont une grande partie sont des bots en Amérique du Sud”, explique un proche de la société.
Depuis le pic de 2021 et la folie autour du métavers — Mark Zuckerberg a rebaptisé Facebook en “Meta” en 2021 — le token de The Sandbox (le SAND) est en chute libre : il a perdu plus de 95 % de sa valeur. Sa capitalisation est passée de 8 milliards de dollars à 700 millions de dollars.
Signe que tout le secteur est impacté, l'autre ex-star du métavers, Decentraland, est de son côté à l'arrêt avec un token qui a perdu 98 % de sa valeur (500 millions de dollars aujourd'hui). “Plus personne ne travaille sur le projet”, explique une source interne.
Vague de licenciements et restructuration mondiale
Cette reprise en main de The Sandbox s'accompagne d'une coupe sévère dans les effectifs qui comptaient 250 personnes au total début 2025.
Plus de 50 % des équipes sont concernées, notamment en Argentine, Uruguay, Corée du Sud, Thaïlande ou Turquie.
En France, la direction négocie encore mais les bureaux de Lyon devraient fermer et une dizaine de postes à Paris seraient menacés.
Officiellement, la raison avancée est un “revirement stratégique” et surtout des progrès technologiques qui permettent de continuer de développer The Sandbox avec des effectifs plus restreints.
Au-delà de ce changement, The Sandbox disposerait encore d'une trésorerie crypto comprise « entre 100 et 300 millions de dollars » (principalement en ETH et stablecoins).
“Animoca pourrait préparer son entrée en Bourse à Hong Kong”, explique un cadre qui estime que le succès de l'IPO de l'émetteur de stablecoins Circle, au printemps, a donné des idées au groupe.
L'éditeur hongkongais, déjà très présent dans la gestion de trésorerie et partenaire de la banque britannique Standard Chartered sur un futur stablecoin, verrait dans la trésorerie de The Sandbox un actif stratégique à présenter aux investisseurs.
Selon nos informations, le métavers lui-même ne serait plus au centre des priorités. Un projet de launchpad de memecoins sur Base devrait bientôt être dévoilé (inspiré par la plateforme à succès Pump.fun), preuve d'un glissement vers d'autres usages du Web3. “Le contexte a évolué et il faut savoir faire évoluer un projet”, explique l'un des investisseurs du projet.
“Depuis le début nous avons tenu notre ligne sur le gaming, mais il faut tenir compte des évolutions du marché”, considère quant à lui Sébastien Borget.
Une fin de cycle pour le NFT gaming ?
Avec ce changement de gouvernance, c'est aussi un symbole de l'univers crypto français qui s'efface. The Sandbox avait incarné l'âge d'or du gaming NFT et de tout ce qui était lié au métavers, attirant marques et institutions entre 2019 et 2022.
L'entreprise était alors qualifiée de “licorne” de la tech.
Mais l'érosion progressive de sa base d'utilisateurs, les critiques sur la qualité du jeu et la priorité donnée à la communication avaient fini par ternir son image. “Le métavers n'est pas mort, mais il va devoir se réinventer”, conclut un ancien partenaire.
>> Rapport The Big Whale - Web3 & Gaming : vers de nouveaux modèles économiques innovants
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