La révolution DeFi s'intègre progressivement dans les fintechs
Les applications comme Bleap et Deblock embarquent désormais les protocoles DeFi dans des interfaces simplifiées à destination du grand public. Un tournant stratégique pour l’adoption des plus grandes innovations du secteur.
Déposer des euros sur une application mobile et percevoir des intérêts en stablecoins, sans jamais avoir l’impression d’interagir avec la blockchain. Ce scénario n’est plus une promesse lointaine, mais une réalité. En l’espace de quelques semaines, deux jeunes fintechs, Bleap et Deblock, ont embarqué dans leurs interfaces les protocoles DeFi les plus avancés du marché — Angle et Morpho — pour offrir à leurs utilisateurs une alternative crypto aux livrets d’épargne traditionnels.
Un glissement est en train de s’opérer. Longtemps réservée aux initiés, la finance décentralisée se glisse désormais dans les coulisses des interfaces fintech. En marque blanche, discrètement, mais sûrement.
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Une couche DeFi invisible mais performante
Depuis cette semaine, les utilisateurs de Deblock peuvent activer des “coffres d’épargne” pour faire fructifier leurs euros ou leurs stablecoins. Le principe : un dépôt flexible, sans période de blocage, avec des rendements affichés jusqu’à 6 %, selon le plan utilisateur (gratuit, premium ou natif).
À la manœuvre côté infrastructure : Morpho, un protocole DeFi français réputé pour ses stratégies d’optimisation du rendement et ses garanties de sécurité, et Yield.xyz.
Concrètement, les fonds déposés sont déployés automatiquement via des agrégateurs DeFi comme Morpho, sans que l’utilisateur n’ait besoin d’interagir avec un wallet crypto comme Metamask ou Rabby.
“Ces coffres d'épargnes rendent la DeFi accessible aux novices”, souligne Claire Balva, en charge de la stratégie pour Deblock. “Aller chercher 6 % sur des stablecoins est habituellement réservé aux initiés, on va permettre de faire ça depuis le compte courant euro en deux clics”.
Une approche que l’on retrouve également chez Bleap, autre application mobile ayant choisi d’intégrer au début de l’année Angle, le protocole d’épargne développé par Pablo Veyrat. “Notre objectif, c’est de devenir le back-end de l’épargne stable, à la fois dans l’univers crypto natif mais aussi dans des applications destinées au grand public”, déclare l’entrepreneur.
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L’expérience utilisateur avant tout
Avec ces intégrations, les fintechs cherchent à réconcilier deux mondes qui jusqu’ici se parlaient peu : celui des interfaces ultra-simplifiées du Web2, et celui des protocoles complexes du Web3.
Chez Bleap, un utilisateur peut par exemple acheter des stablecoins avec Apple Pay, puis déposer directement ses fonds dans un coffre d’épargne basé sur Angle. Le taux d’intérêt est affiché, les gains démarrent immédiatement, les retraits sont libres à tout moment. “Tout est automatisé, on leur reverse 90 % du rendement, et on garde 10 % pour nous”, complète Pablo Veyrat.
Cette simplicité apparente cache une ingénierie sophistiquée. Chez Angle, par exemple, les fonds peuvent être redéployés entre différentes chaînes (Ethereum, Arbitrum, Base) pour maintenir un taux uniforme, quel que soit l’environnement. Un pari technologique risqué, mais ambitieux.
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Fintechs et DeFi : une alliance de circonstances
Le choix des fintechs de s’adosser à des protocoles DeFi n’est pas anodin. Il répond à une double logique : proposer des produits à forte valeur ajoutée sans construire eux-mêmes l’infrastructure, et s’aligner sur des rendements que les marchés traditionnels ne peuvent pas offrir.
“Ce qu’on propose, ce n’est pas forcément le produit qui a le plus de rendement dans la DeFi, mais c’est un produit très stable, très sûr, et qui peut vraiment scaler”, abonde Pablo Veyrat.
Chez Deblock, la même logique prévaut. En segmentant les utilisateurs selon leur plan tarifaire, la startup optimise l’accès au rendement tout en assurant un modèle économique durable. Pour les clients premium, Deblock ne prélève aucun frais. Pour les autres, une commission est appliquée sur les intérêts (pas sur le capital), à l’image de certaines néobanques.
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Une adoption encore prudente chez les géants
Reste une question centrale : les grandes fintechs comme Revolut suivront-elles cette tendance ? Pour Pablo Veyrat, ce n’est qu’une question de temps, mais le chemin est encore long.
“Pour ces acteurs, la DeFi reste perçue comme un risque. Il y a eu des hacks, ils n’ont pas forcément l’expertise pour évaluer les protocoles. La première étape passera sûrement par des produits non-custodial, comme ce que fait Bitpanda. Ensuite viendront les offres plus intégrées.”
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Pour Paul Frambot, cofondateur de Morpho, le mouvement est inéluctable :
“Les fintechs sont des partenaires naturels de la DeFi, et leur transition vers des infrastructures on-chain sera l'un des principaux moteurs de l'intérêt des institutions. La logique est simple : historiquement, les fintechs distribuaient des produits financiers issus de grands asset managers, comme BlackRock ou Fidelity. Mais en contrôlant désormais leurs propres infrastructures sur la blockchain, elles s'émanciperont de ces acteurs traditionnels.”
Il poursuit :
“Les asset managers se retrouvent face à un risque de désintermédiation. Pour contrer cela, ces gestionnaires de capitaux doivent eux aussi se positionner on-chain. Si une fintech utilise des solutions DeFi comme Morpho pour gérer ses produits, il est impératif pour un asset manager d'être compatible. Cela crée un effet boule de neige où les institutions n'ont d'autre choix que d'entrer dans l'écosystème blockchain.”
Avant d’investir dans un produit, l’investisseur doit comprendre entièrement les risques et consulter ses propres conseillers juridiques, fiscaux, financiers et comptables.
