Que vaut l'écosystème XRP / Ripple ?

Que vaut l'écosystème XRP / Ripple ?

En pleine ascension depuis la réélection de Donald Trump, la quatrième plus grande cryptomonnaie par capitalisation ne laisse personne indifférent. Autant critiqué par une partie de l’écosystème crypto qu’adoré par sa communauté depuis plus d’une décennie, Ripple attise toujours la curiosité du grand public et l’incompréhension de ses détracteurs.

Le XRP Ledger (XRPL) et son produit phare : La Liquidité à la Demande (ODL)

Lancée le 2 Juin 2012 par Jed McCaleb, Arthur Britto et David Schwartz, XRP Ledger est une blockchain spécifiquement conçue pour faciliter les paiements transfontaliers, requièrant habituellement un à plusieurs jours et des frais importants pour leur exécution.

XRP, la monnaie native du réseau XRP Ledger, est utilisée pour payer les frais de transaction et pour alimenter le système On-Demand Liquidity (ODL), une solution clé de l’infrastructure de paiements transfrontaliers développée par Ripple.

Concrètement, XRP agit comme une monnaie intermédiaire dans les échanges internationaux : lors d’un transfert, Ripple facilite la conversion automatique de la devise d’origine en XRP via des exchanges partenaires, avant de convertir ces XRP en la devise de destination. Cette approche ne se distingue pas seulement par sa rapidité, mais elle offre également aux institutions financières la possibilité d’effectuer des paiements entre différentes devises sans devoir maintenir des réserves de monnaies locales, réduisant ainsi les coûts et la complexité opérationnelle.

Plusieurs clients institutionnels utilisent aujourd’hui cette infrastructure, notamment pour certains corridors de paiements internationaux dont la liquidité et les infrastructures ne sont pas assez développées, comme la PNC Financial Services pour les paiements de l’Amérique du nord vers l’Amérique latine, ou la banque espagnole Santander (actionnaire de la société Ripple) pour certains paiements de l’Europe vers l’Amérique latine.

En revanche, si le XRP Ledger est aussi rapide et efficace, c’est au détriment de sa décentralisation, une des raisons pour laquelle le projet ne fait pas l’unanimité dans la communauté crypto. En effet, la blockchain fonctionne via un système de consensus unique : les utilisateurs doivent choisir les validateurs du réseau parmi une liste mise en place par Ripple, dans laquelle figure plusieurs validateurs gérés par Ripple directement.

Un renouveau dans l’écosystème Ripple : le stablecoin RLUSD et la DeFi

Au-delà de l’ODL par Ripple, l’écosystème est assez limité en termes d’applications et d’usages. Initialement conçue dans un but bien précis, la blockchain fait face à plusieurs défis qu’elle doit relever afin de rester cohérente dans un environnement en perpétuelle évolution.

En ce sens, Ripple a lancé le Ripple USD (RLUSD) le 17 décembre 2024 sur le réseau XRPL et sur Ethereum pour entrer sur le marché le plus important de l’industrie crypto à l’heure actuelle. De la même manière que l’USDT ou l’USDC, le RLUSD est garanti par des avoirs en cash ou équivalents (bons du trésor américain par exemple).

L’enjeu est important car l’adoption des stablecoins pourrait vampiriser les parts de marché de l’entreprise américaine sur sa solution pour institutionnels. Bien qu’elle reste toujours plus pratique dans le cadre de transactions impliquant plusieurs devises, les stablecoins reposent sur des infrastructures tout aussi résilientes, efficaces, et plus décentralisées que l’ODL de Ripple sur XRPL.

Déjà disponible sur certains exchanges, la distribution du RLUSD sur les plus grands exchanges crypto est “imminente” d’après Monica Lang (présidente de Ripple) dans une interview accordée à Bloomberg le 7 janvier. Toujours indisponible en Europe en raison du novueaur réglement MiCA, l’entreprise américaine a toutefois exprimé sa volonté de trouver le moyen d’intégrer la région.

Ripple cherche aussi à capturer l’activité d’autres stablecoins sur son réseau en nouant des partenariats comme avec SG-Forge par exemple (filliale de la Société Générale), qui se prépare à lancer l’EURCV sur XRPL en 2025.

Si à l’avenir, toutes les devises venaient à circuler sur les rails de blockchains publiques sous la forme de stablecoins, l’ODL et XRP pourraient perdre de leur utilité d’intermédiaire dans les paiements internationaux, d’où l’importance de dynamiser et diversifier l’écosystème XRPL.

Le projet avance en ce sens depuis 2022 et la création de bridges tels qu’Allbridge vers des blockchains EVM pour permettre un usage plus important du token XRP dans des protocoles de DeFi par exemple. Malgré le manque de programmabilité du Layer 1, il est même possible aujourd’hui de créer des plateformes d’échange décentralisées (AMMs) grâce à la mise à jour XLS-30 adoptée en Mars 2024.

Pour soutenir ce renouveau, la Fondation XRP Ledger dispose de plusieurs organisations comme XRPL Commons basée à Paris, dont l’objectif est de partager des ressources, organiser des évènements / hackatons et accompagner les développeurs.

La large dominance de l’activité B2B sur le Layer 1

Malgré les efforts de la fondation et de la communauté pour dynamiser le Layer 1, la majeure partie de l’activité du XRPL repose sur l’activité B2B de Ripple, qui se concentre principalement sur sa stratégie de croissance externe très aggressive.

Ripple a levé environ 295 millions de dollars entre 2012 et 2019, et aurait récolté selon The Block plus de 4,4 milliards de dollars via de multiples ventes de token XRP aux plateformes d’échanges et autres institutions.

De plus, dans une interview accordée à Devin Ryan, directeur en recherches sur les technologies financières à la JMP Bank le 6 janvier, le CEO de Ripple Brad Garlinghouse révèle que l’entreprise dispose d’une réserve de XRP de plus de 100 milliards de dollars.

Net XRP Sales by Ripple, The Block

La firme de San Francisco dispose d’un véritable trésor de guerre, qui lui a permit de financer cette stratégie aggressive et de construire un service très complet aux institutions financières bancaires ou crypto-natives. Elle a notamment :

  • Investi 30 millions de dollars en 2019 dans MoneyGram, une société alors importante dans les paiements transfrontaliers. L’accord comprenait un partenariat stratégie pour l’utilisation de l’ODL par MoneyGram, avant qu’il soit rompu en raison des poursuites judiciaires de la SEC.
  • Acquis Metaco en 2023 pour 250 millions de dollars, afin de pouvoir étendre ses services de détention de cryptomonnaies pour le compte d’institutionnels.
  • Acquis Standard Custody & Trust Company en 2024, pour gagner des licences supplémentaires dans son activité de détention de cryptomonnaies.
  • Investi en capital-risque via Ripple Ventures dans plus de 40 projets liés de près ou de loin à l’écosystème XRPL.

Si l’ensemble des activités de la société se développent rapidement dans le monde entier grâce à l’acquisition de sociétés régulées dans différentes régions, elles ne se traduisent pas par une activité plus importante sur son Layer 1.

Si l’on prend Base, le principal Layer 2 d’Ethereum comme point de comparaison, toutes les données, dont le nombre d’adresses actives par exemple, montrent une activité très faible sur XRPL avec moins de 100 000 adresses actives pour XRPL contre environ 1 million pour Base.

*CryptoQuant /  Artemis*

Conclusion

Bien que Ripple soit un projet extrêmement clivant au sein de la communauté crypto, force est de constater que le projet a su se maintenir plus d’une décennie au plus haut dans un écosystème relativement dynamique.

La société s’appuie sur une communauté solide et éprouvée, ainsi que sur un intérêt toujours important du grand public qui reconnait la crédibilité du projet à son ancienneté et à ses nombreux grands partenaires. Ce public comprend rapidement la thématique des paiements en crypto, qui est le cas d’usage le plus ancien et le plus connu de l’industrie.

De plus, le géant américain dispose d’une des plus grandes trésoreries du secteur pour continuer à financer ses opérations, qu’il va pouvoir déployer plus aisément si l’issue du procès avec la SEC devient favorable.

En revanche, la technologie sous-jaçente est moins louable que d’autres projets car extrêmement centralisée. Le projet tend plutôt vers l’entreprise de prestataire de services de paiements basé sur une technologie blockchain interne plutôt qu’un véritable Layer 1 public et sans permission, d’où les vives critiques d’une partie de la communauté crypto sur Ripple.

Sans un écosystème vivant et dynamique sur XRP Ledger, le token XRP pourrait perdre son utilité première d’intermédiaire via l’infrastructure ODL, notamment dans le scénario où les CBDC ne s’imposent pas et laissent place à des stablecoins pour chaque devise.

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